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                  DE LA LANGUE MATERNELLE.                     241

    Lorsque l'on veut faire marcher de front, dans un ensei-
  gnement régulier et suivi, deux et même trois branches de
 connaissances, il est nécessaire que l'une des branches serve
 de base et dirige la marche de l'instruction. Dans la méthode
 du Père Girard, c'est l'étude de la langue maternelle qui joue
 ce rôle important, bien que, dans les vues du maître, l'étude
 des principes de la religion et de la morale soit l'objet prin-
 cipal de l'enseignement. « J'ai deviné le fond de votre mé-
 thode, lui disait un religieux de Gênes, c'est la morale et la
 religion que vous avez essentiellement en vue, mais vous
 vous y prenez comme si vous faisiez tout autre chose. C'est
 le vrai, l'unique moyen de réussir. L'étranger m'avait com-
 pris, tandis que des indigènes avaient des yeux et ne voyaient
 pas. » Sans doute, il faut qu'un maître chrétien ne perde
jamais de vue qu'il doit avant tout former le cœur et l'intel-
 ligence de ses élèves, saisir toutes les occasions qui s'offrent à
lui d'élever leur ame, de leur inspirer le goût du bien, de
leur donner le sentiment du beau, le besoin du juste et du
 vrai ; mais convient-il de se servir trop souvent des mots qui
doivent réveiller en nous des idées saintes et respectables
 pour établir et faire comprendre des règles de grammaire ?
Convient-il d'accoutumer l'enfant à énoncer de graves vérités
pour découvrir dans la phrase ses divers membres, leur dé-
pendance, leur liaison? Croit-on que sa piété y gagnera, que
ces vérités dont renonciation lui sera devenue si familière
agiront sur son esprit, et qu'il y cherchera un enseignement
salutaire? Son attention peut-elle ainsi se partager, et quand
il est absorbé par la recherche d'un sujet ou d'un régime,
s'occupe-t-il de pensées religieuses ou morales? Ce que
je dis à propos de la religion et de la morale, s'applique
aussi, mais à un degré moins grave, à toutes les connaissan-
ces accessoires qu'on espère rendre familières à l'enfant. II
lui en restera bien toujours quelque chose, mais on ne sau-
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