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58                  MADEMOISELLE DE MAGLAND.
chien de chasse, s'efforçant d'arrêter le sang qui s'échappait d'une
blessure qu'il avait au côté; à l'approche de Raoul, il se leva en
grondant : la jeune fille se retourna vivement. — N'ayez pas peur,
 mademoiselle, dit Raoul en s'approchant, et disposez de moi si je
peux vous être utile. —Un coup d'oeil jeté sur Raoul l'avait san<
doute rassurée, car elle lui répondit sans la moindre hésitation :
— Je voudrais de l'eau, monsieur, si vous pouviez m'en apporter.
— A ces mots, Raoul déboucla son sac, en tira sa tasse de coco,
courut la remplir à la fontaine et la rapporta bientôt à la jeune fille
 qui le remercia avec aisance et continua de s'occuper de son chien,
auquel elle faisait maintes caresses. Mais le sang coulait toujours ;
 bientôt de grosses larmes, qu'elle s'efforçait en vain de retenir, rou-
 lèrent sur ses joues.—Voulez-vous me permettre d'essayer de pan
 ser ce bel animal, dit Raoul en tirant de son sac des linges, des fou-
 lards. — Oh! oui, monsieur, vous serez sans doute plus habile que
 moi, et vous le ferez moins souffrir. Elle céda sa place à Raoul qui,
 après avoir lavé la blessure, rapprocha les chairs déchirées, la cou-
vrit d'une épaisse compresse de linge et l'attacha avec des foulards
 que la maîtresse du chien taillait en bande à l'aide de ses dents. La
 pauvre bête se laissait faire avec la patiente docilité dont ces bons
animaux sont doués, tournant de temps en temps ses beaux yeux vers
 sa jeune maîtresse. — Ce ne sera rien, mon bon ami, je le soignerai
 bien, va, sois tranquille, disait-elle en passant sa main sur la tôle
 soyeuse de l'animal, lu seras vite guéri ; dans huit jours, nous irons à
 la chasse ensemble.—Ces mots attirèrent les regards de Raoul sur un
 petit fusil anglais appuyé contre un arbre auquel étaient suspendus
 une carnassière et un chapeau de paille. — Vous n'avez pas peur de
chasser ainsi, seule, dans ce bois, dit-il, en regardant pour la première
fois la singulière enfant ? — Pourquoi aurais-je peur? ce bois appar-
tient à mon père, et personne dans le canton ne voudrait faire du
malà sa fille, dit-elle en relevant la tête d'un petit air fier, et en glis-
sant de côté un de ces regards limpides et curieux, qui n'appartien-
nent qu'aux gazelles ot aux jeunes filles. Elle avait repris son fusil
et s'acheminait vers une allée qui s'ouvrait à pou do dislance. Raoul
la suivait, conduisant doucement le chien qu'il tenait avec son mou-
choir, et écoulant la jeune fille qui marchait à ses côtés sans cm-