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MADEMOISELLE ])!-; MAGLAND. 50 barras, sans hésitation, tantôt lui parlant, tantôt s'arrêtant pour caresser son chien. — Pauvre Beppo! C'est en se jetant dans un fourré où il avait entendu remuer je ne sais quoi, qu'il s'est fait tant de mal; mais ce n'est pas dangereux, n'est-ce pas, monsieur? Vous avez dit que la blessure n'était pas profonde, dit-elle à Raoul en fixant sur lui ses yeux encore humides. —J'ose vous assurer, made- moiselle, qu'il ne s'agit que de quelques soins qui ne lui manqueront probablement pas.—Oh ! non, certes; figurez-vous, monsieur, que je l'ai eu tout petit ; nous nous promenions avec mon père au bord du lac, au moment où le domestique d'un anglais, dont la chienne avait mis bas en route, allait le jeter à l'eau ; j'ai eu bien de la peine pour l'élever, mais aussi j'ai le plus beau et le meilleur chien du canton ; il faut lui voir tourner une compagnie de perdrix qui veut fuir eu marchant! je l'ai vu en arrêt sur cinq cailles à peine remuer la tête, à mesure que l'une d'elle s'envolant tombait sous le plomb. Il tient le lièvre aussi bien à la plaine qu'à la haie ; et la bécasse ! si vous le voyez la dépister à travers le gaulis du bois ! — Raoul écoutait étonné et charmé tout à la fois. — Ah! voilà mon père! s'écria tout à coup la jeune fille, en courant au devant d'un homme d'une tournure élégante qui se montrait à l'extrémité du chemin qu'ils par- couraient. Elle l'eut bientôt rejoint et mis au fait de sa rencontre avec Raoul. Il s'approcha avec empressement, et le remercia du service qu'il avait rendu à sa fille. — Puis-je savoir à qui Marie do Magland doit tant de reconnaissance ? — Raoul se nomma. — Nous sommes voisins, monsieur; j'habite le Genêt que vous pouvez aper- cevoir d'ici; nous serons heureux de vous y recevoir. — Venez vite voir l'effet de vos bons soins, dit Marie du même ton naturel et dé- cidé qui avait tant surpris Raoul; je vais emmener Beppo qui a bu- soin de repos; papa va vous montrer le chemin des Roches qui vous mènera tout droit à Haulerive. Adieu, monsieur, à bientôt ! Vous voyez un enfant gâté, dit M. de Magland à Raoul, quand Marie les eut quittés, elle a perdu sa mère étant encore au berceau, et je n'ai pu me décider à m'en séparer ; je vins alors habiter le Ge- nêt que je n'ai pas quitté depuis. J'ai laissé Marie libre de suivre ses penchants et ses goûts qui s'accordaient d'ailleurs avec l'éduca- tion physique que sa santé très frêle réclamait alors. Constamment