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                    MADEMOISELLE DE MAGLAND.                            57
arts. Bientôt la fréquentation des musées, des ateliers des grands
maîtres l'initia aux mystères de la science qu'il saisissait avec une
intelligence et une ardeur qui étonnaient ses professeurs, mais qui
ne tarda pas à effrayer sa mère. Raoul avait rencontré dans l'atelier
d'un peintre en renom, un jeune homme dont le caractère, franc et
gai, convenait à merveille à la tendance rêveuse de son esprit, et,
tempérait sa disposition à la mélancolie. Bientôt ils furent insépara-
bles, et Raoul le présenta à sa mère. Auguste de Blossac, ennemi de
toute contrainte, fut, chez Mme de la Rochemarqué, ce qu'il était à
l'atelier et partout. Ce langage original, ces manières excentriques,
en usage parmi les artistes, la choquèrent à tel point, qu'elle était
décidée à arracher son fils à toutes les frivoles études qui le mettaient
en rapport avec des gens si étranges, lorsque un parent de son mari
lui légua la terre d'Hauterive. Elle saisit ce prétexte pour éloigner
son fils de Paris, et, malgré ses plaintes et ses regrets, il fallut
obéir.
   Le château d'Hauterive, situé à une demi-lieue de Rolle, emprun-
tait son charme bien plus à la beauté des environs qu'à celle de ses
dépendances. Raoul ne pouvait se lasser d'admirer les sites pittores-
ques qui se révèlent à chaque pas dans celte belle contrée, et de par-
courir les riches plaines et les vallées ombreuses qui avoisinent le lac.
Un jour qu'eu revenant d'une de ses courses lointaines, il traversait
un bois peu éloigné de sa demeure, il se trouva au bord d'un ruisseau
qui, descendant en cascade sur des rochers moussus, formait plus bas
un bassin tout entouré de ces plantes aromatiques dont le parfum est
si excitant; séduit par l'attrait qu'offrait cette solitude, Raoul se dé-
barrassa de son sac et de son parasol de peintre, et s'étendit sous
un groupe d'arbres séculaires dont l'ombre couvrait la fontaine. La
fraîcheur et le silence l'invitaient au sommeil, et il allait y céder,
quand des pas précipités se firent entendre ; ses yeux, déjà à demi-
clos, se dirigèrent du côté d'où venait le bruit qui interrompait sa
sieste, et il vit une jeune fille qui, sans l'apercevoir, se pencha sur
le bord de la fontaine, y trempa son mouchoir, et reprit en courant
lechemin par lequel elle était venue. Réveillé tout à fait par celle ap-
parition, Rà*oul se leva et suivit !e sentier qu'elle avait pris ; il arriva
 bientôt au bout de l'allée où il la vit agenouillée auprès d'un beau