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458 ÉTATS-GÉNÉRAUX DE 1 5 8 8 . sant au peuple, il s'efforce de lui persuader qu'il n'a qu'à perdre aux divisions qui agitent l'Etat, c'est alors surtou 1 que le langage de l'auguste correspondant, également ins- piré par sa raison et par son cœur, s'élève au niveau de la plus noble éloquence : « Peuple, s'écria-t-il, le grenier du royaume, le champ fertile de cet Etal, de qui le travail nourrit les princes, la sueur les abreuve, les métiers les entretiennent, l'industrie leur donne des délices à rechange, à qui auras-tu recours quand la noblesse te foulera, quand les villes te feront contribuer ? au roi, qui ne commandera aux uns ni aux autres? aux officiers de la justice? où seront-ils? à ses lieutenants ? quelle sera leur puissance ? au maire d'une ville? quel droit aura-t-il sur la noblesse? au chef de la no- blesse ? quel ordre parmi eux ? pitié, confusion, désordre, mi- sères partout; et voilà le fait de la guerre ! » Ces généreux accents se perdirent dans le tumulte des pas- sions. Il ne fallait pas moins de dix ans de guerre civile pour en faire apprécier à la France entière la sagesse et la sincé- rité. L'histoire des Etats généraux de 1588 n'est en quelque sorte que celle d'un long duel entre le faible et dernier roi de la branche des Valois, et le représentant altier de cette maison de Lorraine qui, durant tant d'années, fatigua la France entière du poids de son ambition. Partout on y retrouve sous diffé- rentes formes, cet antagonisme acharné dont l'assassinat sem- blait devenu en quelque sorte le seul dénoûment possible. Mais en laissant de côté cette grande catastrophe pour concentrer son attention sur l'assemblée mémorable qui servit de théâtre à ces sanglantes rivalités, il est impossible de nôtre point frappé de la singuarité des incidents qu'elle présente, de la variété des caractères qu'elle met en relief, et de l'importance des ques-