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ÉTATS-GÉNÉRAUX DK 1 5 8 8 . 459 lions qui y sont agitées. Sous ce triple rapport, les Etals de Blois ont, pour tous les esprits observateurs, un intérêt très indépen- dant de la péripétie qui s'y rattache, intérêt vif, puissant, dramatique, et que n'offre au même degré, je crois, aucune des assemblées délibérantes de l'ancienne monarchie. Les Etats de Blois présentent à certains égards une similitude frappante avec les Etats-généraux de 1355 et de 1356, et l'on peut s'étonner qu'aucun historien n'ait eu l'idée d'un parallèle qui, sous une plume habile, abonderait en aperçus instructifs et curieux. Moins corrompu, moins pervers, mais plus ambitieux que Charles de Navarre, c'est par un égal emploi de la ruse et de la violence, que le duc de Guise prépare les voies de son usurpation. Tous deux, par une tactique analogue, travaillent par dessous main à dépouiller l'autorité royale au profit des Etats et conseillent ostensiblement au trône la résistance qui doit consommer sa ruine; tous deux ne recueillent de leurs efforts que des succès passagers qui pour l'un aboutissent à une catas- trophe violente et imprévue, pour l'autre à une pacifique obscu- rité. L'analogie que l'on remarque entre ces deux chefs de fac- tion se reproduit d'une manière moins tranchée dans le carac- tère des auxiliaires qu'ils emploient. Le Cardinal de Guise et l'archevêque d'Espinac rappellent cet astucieux évêque de Laon qui seconde si bien par l'intrigue et par la ruse les projets de l'usurpation, et peut-être ne manqua-t-il à Lachapelle- Marleau que l'imminence d'une invasion étrangère, les em- barras d'une interrègne, la présence du peuple de la capitale, pour consommer le désordre des esprits, et pour déployer à la tête d'une multitude rebelle les prétentions de son farouche devancier. C'est dans un déchaînement outré ou factice contre les dilapidations des deniers publics que les meneurs de l'op- position, dans l'une et l'autre assemblée, cherchent les fonde- ments de leur popularité. Tant il est vrai que les factieux de tous les temps procèdent par les mêmes voies, et que l'art