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DES BATEAUX A VAPEUR A LYON. 261 privilège de trente ans. Le ministre français, M. de C a - l o n n e , léger et frivole comme d'usage, consulta l'Acadé- mie des Sciences, qui, pour ne pas se c o m p r o m e t t r e , ne voulut point se p r o n o n c e r , et le ministère répondit à l'in- venteur du premier pyroscaphe qui ait r e m o n t é les riviè- r e s , qu'on lui accordait un privilège de quinze ans, s'il réussissait à faire r e m o n t e r sur la Seine, l'espace de quel- ques lieues, un bateau chargé de cent cinquante mille m è - tres, et si le succès de cette épreuve était constaté à Paris. Jouffroy, anéanti p a r cette décision et dépourvu de capi- taux, refusa de p o r t e r son invention en A n g l e t e r r e , où Wast et Wast Brough venaient de faire subir à la p o m p e à feu les changements qui en ont fait la machine à vapeur. La révolution a r r i v e ; le marquis ou le comte de Jouffroy émigré et ne revient qu'au bout de dix ans. Alors Des- blanc et Fulton s'occupaient, l'un à T r é v o u x , l'autre à Paris, de réaliser la navigation à v a p e u r ; le p r e m i e r d e - vait n e pas réussir, parce qu'il opérait sur des bases faus- ses et qu'il ne copiait p e r s o n n e ; et Fulton reproduisait en grand le modèle de Jouffroy. Desblanc entama dans les feuilles publiques une polémique contre son rival, en r é - clamant la priorité de l'invention. L'ingénieur américain r é p o n d i t en substance, n o n sans une dédaigneuse ironie, dit M . Parisot : « Q u e M. Desblanc se rassure ? Est-ce d'exploitation de sucre qu'il est question? J e ne ferai p o i n t concurrence en E u r o p e , ce n'est pas sur les ruisseaux de F r a n c e , c'est sur les grandes rivières de mon pays que j'exécuterai ma navigation. Est-ce d'invention qu'il s'agit? Ni M. Desblanc, ni moi, n'imaginons le pyroscaphe. Si cette gloire appartient à q u e l q u ' u n , elle est à l'auteur de l'expérience de Lyon, des expériences faites en . 1 7 8 3 sur la Saône. »