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/|!!0               MON VOYAGE A PARIS.

   Les mésaventures auxquelles j'avais été exposé en rêve au-
raient pu paraître à certains esprits faibles un avertissement
du ciel pour les faire renoncer à leur projet de voyage. Je ne
m'arrêtai pas à un tel fatalisme, et je persistai dans mon
dessein.
   J'allai donc, dans la même matinée, à l'hôtel de l'ambassade
française, demander un de ces loul-puissanls morceaux de pa-
pier, sans lequel l'entrée du royaume de France m'aurait été
interdite. On prit en note mon nom, mon prénom, mon âge,
ma profession, ma destination et plusieurs autres minutieuses
particularités relatives à ma personne; puis l'on m'invita à
revenir le lendemain à la même heure pour retirer mon pas-
se-port.
   Celte petite affaire étant terminée, j'allai dans Regent-Cir-
cus, ce rendez-vous de tous les voyageurs. Là je me mis à mé-
diter pendant assez longtemps sur le choix de l'entreprise à
laquelle je confierais le soin de transporter ma personne h
Paris. Mes réflexions portaient à la fois sur deux objets : Paris
était certainement le premier, mais la dépense était certaine-
ment aussi le second. La vanité me criait : « Pars ! » l'écono-
mie murmurait à mon oreille : « Reste! » Cependant les cir-
constances me parurent assez favorablement arrangées, pour
me permettre de concilier les excitations de la vanité avec les
conseils de l'économie. La compagnie de l'Aigle Royal m'offrait
de me conduire à Paris pour vingt-six schellings, et la compa-
gnie du Taureau, moyennant vingt et un schellings. Ainsi,
moyennant vingt et un schellings je pouvais m'élever au niveau
des présomptueux Mugg'ms! En vérité, c'était un bon marché
trop évident pour hésiter. L'Aigle Royal était certainement un
noble oiseau, et il me promettait de me conduire à Paris en
48 heures, tandis que le Taureau en demandait 50 ; mais le
Taureau prenait cinq schellings de moins que l'Aigle Royat,
et celte différence faisait plus que compenser l'autre. Aussi,
dès ce moment, toute mon hésitation disparut ; et l'Aigle Royal
eut-il été un phénix que je n'en aurais fait aucun cas! Je pris