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308 TABLEAU DE LYON EN 1786. ble cité, que je n'ose en porter un jugement, car plus il se rapprocherait de l'exacte vérité, et plus vous pourriez croire qu'il ne m'est dicté que par la plus expansive reconnaissance. 11 faut cependant essayer de contenter votre curiosité, qui ne se payerait point d'une excuse plus spécieuse que so- lide. Il faut tâcher de vous faire connaître un peuple qui me paraît avoir les agréments de nos compatriotes sans partager leurs vices; et ce tableau consolant pour les mœurs et l'hu- manité, ne déplaira pas au philosophe courageux et sensible, qui a peint avec tant de grâce et d'énergie nos travers et nos ridicules. La ville de Lyon est tout entière au commerce, et c'est peut-être à l'activité qu'il commande qu'elle doit ses ver- tus. L'oisiveté amène le désordre, mais l'amour du travail enfante nécessairement celui de ses devoirs, et lorsqu'on ne songe qu'à les remplir, il est rare que l'on pense à troubler l'ordre moral de la société. Paris, vous le savez, est peuplé d'êtres oisifs, et leur existence est un problême dont une in- dustrie coupable peut seule donner la solution. La, tout flat- teur Vit aux dépens de celui qui l'écoute. (LAFONTAINE, fabl. II, li'v. I). L'ame y est flétrie par le besoin, le cœur altéré par l'exem- ple, le germe de chaque vice s'y trouve développé par la fa- « aimables concitoyens. Cette brochure est donc un opuscule patriotique. '< Elle est dédiée à l'Académie, parce que cette société illustre et savante est « composée de l'élite des habitants d'une cité chère aux Muses, et dans la- « quelle le savoir et le goût de la littérature n'ont pas fait moins de progrès « que les arts, le commerce et l'industrie. » Dès l'âge de 17 ans, l'auteur publia plusieurs pièces de vers; elles sont adressées à plusieurs personnes de Lyon ou de passage en cette ville, et elles se trouvent dans le recueil que nous venons de mentionner.