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KT PAUL-LOUIS COUKIHJR. 291 de Lise. — Et puis Béranger, à qui il faut appliquer ce qu'il disait de Manuel, aime réellement le peuple, lui; il s'émeut sincèrement et profondément au spectacle de ses douleurs; c'est à lui qu'il demande une partie de sa gloire ou plutôt toute sa gloire; c'est avec persistance qu'il rejette les éloges des habiles et des académiciens, préférant entendre des voix rauques répéter partout ses couplets. On peut voir quel cas il en faisait par ces vers, mis à la tête de la première édition in—8° qu'on ait faite de ses œuvres : L'humble format (in-32) sut plaire à cette classe Sur qui les arts sèment trop peu de fleurs, 11 se fourrait jusque dans la besace De l'indigent dont il séchait les pleurs; A la guinguette instruisant les recrues, D'obscurs lauriers, j'ai fait large abattis. Pour rencontrer la gloire au coin des rues , Mieux vous allait de rester tout petits , Petits, petits, oui petits, tout petits. Quoi ! nousdira-t-on, en faisant honneur à Béranger d'être dans la mémoire du peuple où Courier n'a pas pénétré, n'é- fablirez-vous point de distinctions entre la chanson composée en vers sur une mélodie toujours connue et le pamphlet écrit en prose et sur le ton de la polémique? — Oui, nous faisons une grande différence, oui, la chanson, en France surtout, a toujours pénétré plus profondément qu'aucune autre forme littéraire; mais nous ne reconnaissons là qu'une facilité de propagation plus ou moins grande, et non, pour tout écrit en prose, une condamnation à ne jamais descendre dans les classes dites inférieures. — Il y a des écrits en prose popu- laires, comme Paul et Virginie, Alala; il y a des pamphlets populaires, comme le Bon Sens, de Franklin, en Amérique; •ceux de Courier ne l'ont pas été et ne ie seront jamais ainsi.