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                        ÉGLISE   DE S A I N T - J E A N .              7

fait comprendre aux hommes le néant de leurs ouvrages et l'éter-
nité des siens.
   Depuis que notre population s'est portée sur les bords du Rhône,
où l'espace lui est ouvert sans limite, l'église de Saint-Jean a perdu de
son importance dans le paysage lyonnais. Ses quatre tours ne sont
pas 1res remarquables par leur propre élévation; autrefois, pourtant,
on les distinguait de presque toutes les parties de la ville, à cause
de la forme du bassin de la Saône près duquel était groupé le plus
grand nombre des habitations; elles élaient, aux yeux du peuple,
le signe de la protection temporelle des chanoines ses maîtres, de
même que l'humble flèche de Fourvière qui couronne encore la
montagne, lui rappelait la protection céleste de la mère de Dieu.
Les améliorations souvent équivoques qu'on nous impose, ne nous
ont point encore privés, Dieu merci ! de cette position unique. Les
quais de la rive gauche de la Saône forment toujours un théâtre
d'une lieue de développement, dont la rivière est la scène, et que
le coteau de Fourvière termine comme un majestueux décor.
Saint-Jean figure en première ligne parmi les incidents nombreux
qui varient ce spectacle. Le profil sévère de ses clochers et le sur-
haussement de sa nef sont d'un effet grandiose, malgré le peu
d'inclination de sa toiture et la médiocrité de ses dimensions. On
a, il est vrai, gâté d'un côlé cet aspect en élevant au pied de
l'apside quelques masses de bâtiments qui la gênent ; mais nos
lourdes constructions sont impuissantes contre le vaisseau élancé ;
il les domine, et probablement leur survivra. D'ailleurs, le quar-
tier populeux qui l'entourent est abandonné aujourd'hui par les
grands noms appartenant jadis, soit à la magistrature, soit au
commerce. Les Mandelot et les Guadagne de nos jours se sont em-
pressés de fuir les hôtels piltoresques de leurs prédécesseurs : la
presqu'île a reçu tous ces transfuges ; aussi, lorsque l'on compte
avec étonnement les nombreuses tourelles qui dépassent les toits
dans les environs de la cathédrale, l'on ne doit point s'attendre à
les trouver encore dans la possession de leurs nobles fondateurs.
La plupart sont habitées par des ménages peu aisés qui laissent
aux heureux du monde les terres nouvelles de Perrache et du Dau-