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                  LUCRECE.

     On a réveillé, à propos de Lucrèce, la vieille guerre des genres
 et des écoles; on a voulu considérer cette oeuvre comme une réaction
 violente vers un passé lointain, et des hommes qui regardent com-
 me non-avenu le mouvement littéraire de ces dernières années, faci-
 les à tromper, comme les amants qui croyent voir à la moindre res-
 semblance les traits d'une maîtresse perdue, ont proclamé le retour
d'une époque, nous le croyons bien, à jamais enfuie. Au premier
 coup d'œil, en effet, on pouvait peut-être s'y méprendre, le nom
donné à l'œuvre, la nature du sujet, presque l'unité de temps, pres-
que l'unité de lieu, ces palladiums de l'école, une sobre distribution
de scènes, un dialogue raisonneur, coupé le plus souvent par larges
couplets, quelques formes de style heureusement rajeunies, tout cela
pouvait faire illusion au premier moment, mais ce n'est en réalité
que des superficies, il faut voir au fond ; l'aspect change alors, et
cette œuvre, si elle eut paru il y a vingt-cinq ans, eût fait bondir
d'une poétique colère ceux auxquels elle paraît aujourd'hui un retour
inespéré au point de départ.