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892 hors du temps et de l'espace. Dans son impuissance de le comprendre, le philosophe n'aura rien de mieux à faire que d'avoir foienlui, et, au lieu d'en posséder la science, d'en avoir le sentiment. Ainsi, dans ce système le sentiment prend en définitive la place de la raison, l'art s'élève au dessus de la pensée et de la spéculation, la poésie au dessus de la philo- sophie. Si, au contraire, le contenu de la vérité n'est pas séparé du sujet philosophant, l'absolu ne doit pas être senti, mais com- pris, démontré. C'est là le point de vue d'Hegel. De là aussi l'importance de la logique. La science logique est, comme nous l'avons dit, le centre du système d'Hegel. Son objet est ia méthode absolue, la forme même dans laquelle la vérité existe. Pour Àrislote, la science de la pensée est en même temps la science de l'être, et les formes logiques sont aussi les formes de l'existence; mais, en général, la démonstration n'est chez lui qu'une méthode d'invention, un moyen subjectif de con- naître. La dialectique platonicienne a aussi l'être pour objet. Elle met en présence les notions et les apparences opposées, et de leur choc, elle fait jaillir l'être véritable, l'idée. Mais cette méthode ne pénètre pas non plus assez avant dans la nature des choses et elle n'apparaît que comme un procédé extérieur, et étranger au contenu de la connaissance. Kant a porté un regard plus profond sur la nature de la dialectique, et il a montré qu'elle est la forme essentielle de la raison. La raison est dialectique, a dit Kant, elle prouve également les contraires, et c'est là , suivant Hegel, un des plus grands services qu'il ait rendu à la science moderne. Ses antinomies ont déterminé la chute de l'ancienne métaphy- sique et le passage à la nouvelle, en aidant à faire reconnaî- tre la nullité de la catégorie du fini, par rapport au contenu. Mais les antinomies sont demeurées stériles entre ses mains.