page suivante »
347 Non, des débris du socle où l'idole trônait, Le serpent est sorti. Le serpent le connaît. Mystérieux vengeur, il ne perd pas la trace; Il vivait, loin du jour, au fond d'une crevasse; Ton bras l'en a chassé lout à l'heure, ton bras Qui dispersait au loin ta slatue en éclats. Et certes maintenant, pour tous, il est facile De voir que lu n'as pas évité le reptile; Qu'il a bien su l'atteindre, et, de son aiguillon, 0 fugitif amant, te piquer au talon. Carie sang, goutte à goutte, en tombant de ta plaie, Tache les jeunes fleurs dont le sentier s'égaye; Ta taille s'est courbée, et ton front a pâli. On le voit, dans les champs, promeneur affaibli, A la main un bâton qui te prête son aide, Chercher, a chaque pas, un banc de gazon tiède; Et rien, depuis ce jour, n'a pu te ranimer, Pas même le printemps qui dit à tous d'aimer. Oui, même aux jours divins où la nature exhale, Comme une épouse ouvrant sa couche nuptiale, Un arôme inconnu d'ardente puberté; Quand la feuille jaillit du bourgeon dilaté; Quand l'arbre centenaire à l'écorce noircie, En sentant remonter la sève, remercie Le printemps créateur; lorsque les cerisiers De leur neige qui tombe argentenl les sentiers; Que l'air est plein des fleurs qui s'envolent des branches; Que les prés sont couverts de marguerites blanches Qui ressemblent dans l'herbe à des gouttes de lait; Toi, rien ne te remue et rien ne te distrait.