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Ton cœur n'a pas sa part des douces influences
De la saison féconde en belles renaissances;
Les vertus du printemps ne peuvent t'émouvoir.
Oh ! tandis qu'en ridant l'azur du réservoir,
L'eau tombait pleurs à pleurs et marquait la mesure,
Que de fois, retiré sous la feuillée obscure,
Le rossignol t'a dit : à Phébé qui te voit,
Poète, allons, ce soir, chante un hymne avec moi.
Et que de fois aussi traversant les prairies,
Jetant avec des fleurs de folles railleries,
Les Nymphes ont voulu, dans leur chœur tournoyant,
Prisonnier consolé, l'entraîner en fuyant;
O toi, pauvre blessé, qui refuses de vivre,
Et qui laisses passer les vierges sans les suivre !
Mais chants du rossignol qui ravissent la nuit,
Et regards rougissants de la vierge qui fuit,
Et corbeilles d'avril pleines de marguerites,
Trésors perdus que tout cela!... Toi, tu médites
De redresser encor sur son vieux piédestal
La déesse sans cœur qui t'a fait tant de mal,
Ou d'aller, une nuit, seul, à la dérobée,
Coller ta lèvre aux bras de l'idole tombée.
                                 DANIEL.