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Verdoyant sanctuaire, odorante retraite,
Où tu pourrais t'asseoir et rêver, ô poète !
Et toi, par le sentier qui traverse le pré,
Tu t'en allais tout droit vers le bois désiré,
Tu marchais, convoitant l'ombre épaisse et calmante,
Sur les lits de gazon l'oisiveté dormante,
Le vent rafraîchissant des humides rameaux,
Et l'oubli de loi-même et l'oubli de tes maux,
Et, près des sources d'eau qui filtrent sous les mousses,
Les heures s'écoulant nonchalantes et douces.
Et puis, tu le disais : peut-être en écoutant,
Les soirs, le rossignol au ramage éclatant,
Sur les graves soupirs des sources attendries,
Découpant avec art ces fines broderies,
Peut-être essayerai-je, inhabile écolier,
Une chanson qui puisse aux siennes s'allier ;
Et si, des fleurs aux mains, les Nymphes vagabondes
Passent, faisant tourner, ici, leurs folles rondes;
Et là, rompant leur chaîne entre les arbres verts,
J'oserai les nommer et leur chanter des vers ;
Et celle que déjà mes yeux ont épiée,
S'avançant, sur le bras de sa sœur appuyée,
Sourira d'écouter louer son profil pur,
Et son air de déesse et ses grands yeux d'azur.




Ainsi, comme un vrai fils des Muses immortelles,
Rêvant les doux loisirs et les amours nouvelles,
Tu suivais lentement ton sentier. Un serpent
Derrière toi, sous l'herbe, approchait en rampant.
D'où vient-il ? il dormait sur le bord de ta route ?
Par mégarde ton pied l'a réveillé sans doute ?