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161 Des enseignements précieux jaillissent de ce résume som- maire. Il fait reconnaître d'abord que les sucres forment les quatre- vingt-dix centièmes du poids total des marchandises impor- tées en France par les colonies ; il donne en même temps la preuve du peu de progrès qu'a fait, pendant ces dernières années, la production du sucre colonial. Tandis que la consom- mation générale des sucres, en France, s'est augmentée de cent pour cent de 1826 à 1840, l'importation du sucre des c o - lonies françaises s'est accrue seulement de huit pour cent. Si les colonies avaient eu le privilège de fournir les sucres né- cessaires à la consommation nationale, sans avoir à lulter con- tre d'autre concurrence que celle des sucres produits par les colonies étrangères, deux faits d'une immense importance auraient certainement eu lieu. Notre marine marchande, appe- lée à transporter 120 à 130 millions de kilogrammes de sucre brut au lieu de 80 ou 100 millions de kilogrammes qu'elle trans- porte aujourd'hui, aurait pris une extension telle que son im- portance se serait considérablement accrue. Sur cette quantité de 130 millions'de kilogrammes de sucre, les colonies fran- çaises q u i , en 1840, ont envoyé 75 millious de kilogrammes en France, auraient fourni probablement 90, peut être môme 100 millions de kilogrammes; car la perspective d'un meil- leur avenir les aurait encouragées à donner plus d'extension à la culture de la canne et à perfectionner les moyens de fa- brication du sucre. Ce favorable développement du commerce colonial aurait nécessairement réagi sur la quotité des de- mandes que les colonies auraient faites aux industries métro- politaines. Il suffit d'indiquer ces graves conséquences pour en faire comprendre la valeur et la portée. Celte comparaison sommaire sert encore à démontrer dans quel étalde marasme languit le commerce colonial ; elle indique en même temps, d'une manière frappante, quoique indirecte, comment il serait possible et facile de ranimer ce commerce et de le rendre in- finiment plus utile et plus profitable au pays. Il