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79 "les masses; d'abord, comme l'a fait souvent Canaletli, l'artiste pouvait diriger l'épanouissement de la lumière contre un point et créer par là un inévitable foyer d'attention; l'ombre avait un rôle à côté du soleil, principal personnage dans tout sujet dévoué à la perspective, comme Marlynn l'a prouvé. Dans les tableaux de M. Joyant, le soleil est rarement utilisé, et, quand il consent à l'employer, c'est toujours une force perdue. Si M. Joyant consentait h mettre dans son travail divers accents, sa peinture gagnerait une variété singulière, sans rien perdre de son originalité; tel qu'il est, c'est un artiste qui a le grand mérite de n'être le copiste de personne. Quelle que soit la beauté du spectacle qu'offre un vaisseau sillonnant la pleine mer, il faut convenir, en ramenant la question aux limites de l'art, que les marines ne plaisent guère qu'aux personnes versées dans la science navale ; la foule jette un regard et passe. Les marines de M. Garneray peuvent supporter l'examen de l'œil le plus habitué aux manœuvres d'un vaisseau. Lui qui a été marin, peut-être même un peu corsaire à bord du Hasard, avec le fameux Surcouf, il ne s'aviserait pas de nous montrer la mdture d'un trois-ponls s'arrôtant à la croisette sans s'inquiéter de ce que devient la conlre-croisette, comme le fit M. Perrot l'an passé, qui voulait nous faire accepter celte hérésie pour du bel et bon gréement. Sous le pinceau de M. Garneray, les eaux de la mer, si difficiles à rendre dans leur mouvement cl dans leur couleur, prennent de la vie; on entend le bruit delà vague qui déferle; on sent cette odeur irritante qu'elle amène avec elle. M. Garneray fait de la vraie mer; M. Cotelle fait comme Isabey, quand Isabey ne fait pas bien. M. Baryes a exposé un Effet de brouillards d'un aspect vrai et d'une bonne couleur, et la Mise à l'eau d'un vaisseau possédant les mêmes qualités. Si nous avions vu des Femmes groënlandaises re- venant de la chasse aux phoques, nous tenterions d'exprimer