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495 d'ailleurs tout ce qui a trait à la solennelle fonction de la propagation, est environné de mystère, mais qui n'en est pas moins attesté par l'histoire. Ainsi le Nord et le Midi ont toujours réagi l'un sur l'autre. Le Midi a agi sur le Nord, en lui envoyant les germes de sa civilisation sans lui imposer sa race ; et le Nord, pour réveiller la civilisation endormie dans le Midi, lorsque les populations s'y étaient énervées, y a vomi des essaims d'énergiques Barbares, auà ax lapeti genus. C'est ainsi que s'accomplit la grande prophétie sur Japhet : Et inhabitet in tabernaculis Sem. Les qualités de la race des Européens, telle que nous l'observons à pré- sent, ne seraient-elles pas dues en grande partie aux in- vasions des Celtes, des Cimbres, des Goths, des Vandales, des Danois, des Saxons et des Normands? Force de caractère, énergie d'action, tout se trouve réuni. L'invasion des Barbares mérite d'être étudiée à ce point de vue. Sans vouloir pénétrer l'obscurilé qui entoure l'antiquité, sans déchirer le voile qui nous cache les raisons qui l'ont rendue si fertile en grands hommes, ne pourrons-nous pas soupçonner que son plus ou moins d'éclat n'était dû qu'à la communication de certains peuples les uns avec les autres, et aux alliances mutuelles qu'ils contractaient? Peut-être l'empire romain n'aurait pas été si grand dans son berceau, si l'enlèvement des Sabines n'eût contribué à le rendre florissant! Ce qui est certain, c'est que le siècle d'Auguste qui paraît avoir été pour les Romains un siècle de gloire, est celui où Rome avait le plus étendu ses conquêtes, et communiquait avec toutes les nations. A cet égard, on me saura gré de rappeler l'opinion ingénieuse d'un médecin du siècle dernier, Vandermonde, qui attribue l'étatflorissantdes grandes capitales à l'affluence des étrangers dans leur sein. La grande quantité des gens de province qui s'établissent à Paris, dit-il, contribue beaucoup à rendre cette capitale la rivale de l'ancienne Rome. Les grands génies,