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185 n'était pas d'une seule pièce, comme si l'univers tout entier ne formait pas un même système assujéti aux mêmes lois ! L'homme dans son état futur aurait beau émigrer d'astre en astre, il ne sortirait pas plus de la nature que nous ne sortons de la terre lorsque nous traversons un fleuve ou franchissons une montagne. J'incline donc beaucoup plus à l'opinion de Charles Bonnet qu'à celle de M. Leroux. Je suis disposé à croire que l'homme dans la série des transformations ascen- dantes par lesquelles il doit passer habitera différents séjours en rapport avec ses différentes conditions. Je ne puis m'ima- giner que toutes ses destinées doivent s'accomplir sur cette planète. D'ailleurs, dans celte hypothèse, il faut nier que l'homme garde la conscience de son identité, et sans celte conscience, quoi qu'en dise M. Leroux, l'immortalité n'est rien. Cependant, dans cette condition nouvelle dont la moit leur ouvre l'entrée, tous les hommes, selon Charles Bonnet, ne seront pas égaux en perfection et en gloire. Cette diver- sité qui existe entre les individus sur la terre, celte échelle de l'humanité qui s'élève par une suite innombrable d'échelons de l'homme brut à l'homme pensant, continuera dans la vie à venir et y conservera ses rapports essentiels. Les progrès que chaque homme aura faits ici bas dans la connaissance et la vertu détermineront le point d'où il commencera à se développer et à se perfectionner, en même temps que la place qu'il occupera dans la vie future. Comme d'après la loi de la conlinuité nous ne passons jamais d'un état à un autre état sans raison suffisante, l'état qui suit doit avoir sa raison suffisante d'exister dans celui qui Ta précédé. La mort, dans ce grand enchaînement de toutes choses, n'est point une lacune, elle est l'anneau qui unit entre elles deux parties d'une même chaîne, deux existences qui se suivent. Voilà pourquoi la place et le rang que l'homme doit occuper dans