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167 * C'étaient trois canards, J'oubliais de le dire. Ils fai- saient là leur sieste, tandis qu'au bord de la flaque, je songeais, presque aussi heureux que mes paisibles com- pagnons. » Tel est le commencement de la première nouvelle inti~ tulée : Le Presbytère. Topffer n'est pas dans l'habitude d'aborder brusquement la narration principale; le début du drame est lentement amené, et lorsqu'il l'atteint, ne pensez pas que l'auteur marche droit au but sans s'é- carter jamais de son sujet. Non, tant que la curiosité du lecteur ne sera pas amenée à ee point que l'on ne puisse plus sans maladresse, sans danger, faire une digression au récit, il suivra les plus longs sentiers, les plus tortueux circuits, avec un tact exquis, et se baissera pour ramasser unbi'in d'herbe ou pour cueillir la moindre fleur. Nous retrouvons, quelques pages plus loin, l'enfant en- core couché sur les bords de la mare et commençant à songer au presbytère, au vieux ministre protestant, aux moineaux, au chantre du temple que lui a rappelé le chant des canards. Ce chantre est bien méchant puisqu'il lui a révélé sa position personnelle à 'enfant trouvé, alors que le charitable pasteur la lui tenait soigneusement cachée. Mais l'homme du pupitre est le père delà si douce Louise, que l'enfant aime déjà , sans oser se le dire, de sorte qu'il ne sait s'il doit le craindre, le haïr ou le vénérer. « Tout en songeant au chantre, continue-t-il, je m'étais étendu sur le dos, après avoir placé mon chapeau sur mon visage pour me défendre du soleil. » « J'étais dans cette position, lorsque je sentis une légère démangeaison qui, commençant à l'extrémité de mon pouce, cheminait lentement vers les sommités de ma main droite,