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108 gleterre, revenue de ce chimérique système de la balance du commerce, modèle ses lois économiques sur les p r i n c i - pes d o n t la science proclame la vérité ; que la F r a n c e , j a - louse des succès de sa rivale, semble enfin éclairée p a r l'expérience, et disposée à entrer dans les voies d'une sage réforme commerciale, et que n o t r e industrie obtient des résultats si prospères, c'est u n acte de justice que de ra- m e n e r nos regards en arrière p o u r voir d'où nous som- mes partis, et à qui nous devons cette impulsion si favo- r a b l e à la puissance, à la richesse et à la prospérité des nations. D e u x hommes ont créé l'économie politique : l'un r e - chercha le premier le principe véritable des richesses; il éclaira d'un jour tout nouveau les causes de la g r a n d e u r et de la décadence des p e u p l e s , et à une époque où l'on était loin d'avoir oublié les naïves réflexions de quelques écrivains du XVIII e siècle sur le luxe et ses dangers,ainsi que les considérations de Locke; ce fut l'auteur de la Richesse des nations, l'anglais Adam Smith. Nous pouvons réclamer l'autre comme n o t r e compatriote, car il descendait d'une de ces nombreuses familles que la révocation de l'édit de N a n t e s avaient bannies de F r a n c e avec leur industrie et leur patriotisme ; je veux p a r l e r de Jean-Baptiste Say. N é à L y o n , le 5 janvier 1767, Say se trouvait dès son enfance jeté au milieu de cette société vieillie, c h a n c e - lante, ébranlée de toutes p a r t s , et que les faibles et m a l - h e u r e u x efforts de la royauté ne devaient point raffer- mir. Ses premières études furent comme le p r é l u d e d e celles de toute sa vie ; sciences naturelles : il suivit les cours de physique expérimentale du P . Lefebvre, chez les oratoriens ; intérêts nationaux : les relations c o m m e r - ciales l'avaient t r a n s p o r t é au milieu de la population i n - dustrieuse et des ardents citoyens de l'Angleterre. C'était une belle école p o u r le futur rédacteur de la Décade, que cette t r i b u n e pleine des souvenirs de B u r k e , de F o x , de S h é r i d a n , et où retentissait maintes fois encore la voix si grave et si puissante du noble comte de Cbatam. M ê - mes leçons l'attendaient eu France ; la révolution com- mençait. Au milieu de t a n t de questions nouvelles, sou- levées p a r la convocation des états-généraux, une bien importante éveilla le talent politique de J . - B . Say : c'é-