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  fréquemment en pareil cas, ses idées et celles de sa famille
  avaient subi une altération extraordinaire à mesure que sa
  fortune s'était augmentée. Lui et les siens affectaient d'imiter
  la mode, les goûts et les manières qui, d'ordinaire, sont le pro-
  pre des classes supérieures de la société; et ils manifestaient
  dans toutes les occasions une aversion prononcée, et qui leur
  paraissait bienséante, contre tout ce qui pouvait avoir quelque
 apparence de vulgaire ou de commun.
     En véritable parvenu, M. Malderton était plein d'ostentation,
 d'ignorance, de préjugés et d'entêtement. Cédant à la fois à
 l'influence d'une sensualité égoïste et à un vain désir d'étalage,
 il recevait très souvent; et comme sa table était somptueuse et
 bonne, les parasites ne lui manquaient pas. Cependant il ad-
 mettait avec une préférence marquée les personnes qui étaient,
 ou qu'il croyait être, d'un rang distingué ; et il dédaignait les
 autres qu'il appelait en masse des pique-assielte. Il s'était ap-
 pliqué à inspirer à ses deux fils des sentiments semblables aux
 siens ; il avait parfaitement réussi. Toute la famille était ani-
 mée de l'ambition de s'introduire, et de s'établir, dans une
 sphère sociale supérieure à celle dans laquelle jusqu'alors
 elle avait vécu. Il résultait de ce désir insensé des Malderton,
 et de leur ignorance complète de ce monde si étranger à leur
 petit cercle ordinaire, qu'il suffisait d'appartenir de quelque
manière aux classes nobles ou titrées pour être facilement
admis à la table du maître d'Oak-Lodge à Camberwell.
    L'apparition de M. Horatio Sparkins au bal avait excité à un
vif degré la surprise et la curiosité de tous les habitués du
cercle. On se demandait quel était ce jeune homme si mo-
deste, si mélancolique. Il dansait trop bien pour appartenir à
l'église; il ne faisait pas partie du barreau, puisqu'il n'en portait
pas les titres distinctifs ; il parlait beaucoup, mais il parlait
bien. Peut-être était-ce un étranger de distinction venu en
Angleterre dans le dessein d'observer et de dépeindre ce pays
ainsi que les usages et les mœurs de ses habitants, et fré-
quentant les bals et les assemblées afin de connaître l'éti-