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filer eux-mêmes, et à notre exclusion, des bénéfices d'un
transit pour lequel ils seraient tout organisés. Nous pouvons
cependant nous conserver encore ces bénéfices plus précieux
par leurs riches conséquences que par leur chiffre matériel.
Mais, pour atteindre à ce désirable résultat, il faut nous doter à
grande hâte d'un réseau de chemins de fer, il faut surtout nous
assurer la suprématie de la Syrie et de l'Egypte ; car, maîtres
des clés de cette nouvelle route des Indes, nous pourrons
mettre à la permission de la parcourir, des conditions qui
assurent notre prospérité.
   Si nous ne pourvoyons au plutôt au double besoin qui
vient d'être signalé, nous nous exposons aux plus funestes
désastres, nous devons craindre pour notre avenir commercial
et pour la prospérité de nos manufactures. Supplantés peut-
être sur les principaux marchés du vieux monde, déshérités de
notre commerce de transit, si fertile en avantages accessoires,
nous verrons péricliter notre marine etdécheoir notre influence
politique. Marseille, détrônée par Trieste, verra tomber de ses
mains le sceptre de la Méditerranée; et, pour reconquérir les
avantages si maladroitement perdus, il faudra probablement
prodiguer le sang et l'or de la France, et traverser les angoisses
des guerres longues et cruelles.
   A Dieu ne plaise que le tableau désastreux, mais véridique,
qui vient d'être tracé, vienne jamais à se réaliser. Cette fu-
neste possibilité deviendrait cependant imminente si la France,
entraînée par l'attrait de quelques agrandissemenis territo-
riaux, utiles, il est vrai, au complément de son organisation
politique, mais qu'elle sera toujours maîtresse de conquérir,
accordait à l'Angleterre la possession de la Syrie et de
l'Egypte.
   Il serait donc inutile de rechercher l'alliance anglaise,
parce qu'il ne saurait y avoir d'alliance réelle et durable entre
deux rivaux, poursuivant avec une égale ardeur une proie de
laquelle dépend pour ainsi dire la prospérité de chacun d'eux
et qui ne pourrait être partagée.