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364 filer eux-mêmes, et à notre exclusion, des bénéfices d'un transit pour lequel ils seraient tout organisés. Nous pouvons cependant nous conserver encore ces bénéfices plus précieux par leurs riches conséquences que par leur chiffre matériel. Mais, pour atteindre à ce désirable résultat, il faut nous doter à grande hâte d'un réseau de chemins de fer, il faut surtout nous assurer la suprématie de la Syrie et de l'Egypte ; car, maîtres des clés de cette nouvelle route des Indes, nous pourrons mettre à la permission de la parcourir, des conditions qui assurent notre prospérité. Si nous ne pourvoyons au plutôt au double besoin qui vient d'être signalé, nous nous exposons aux plus funestes désastres, nous devons craindre pour notre avenir commercial et pour la prospérité de nos manufactures. Supplantés peut- être sur les principaux marchés du vieux monde, déshérités de notre commerce de transit, si fertile en avantages accessoires, nous verrons péricliter notre marine etdécheoir notre influence politique. Marseille, détrônée par Trieste, verra tomber de ses mains le sceptre de la Méditerranée; et, pour reconquérir les avantages si maladroitement perdus, il faudra probablement prodiguer le sang et l'or de la France, et traverser les angoisses des guerres longues et cruelles. A Dieu ne plaise que le tableau désastreux, mais véridique, qui vient d'être tracé, vienne jamais à se réaliser. Cette fu- neste possibilité deviendrait cependant imminente si la France, entraînée par l'attrait de quelques agrandissemenis territo- riaux, utiles, il est vrai, au complément de son organisation politique, mais qu'elle sera toujours maîtresse de conquérir, accordait à l'Angleterre la possession de la Syrie et de l'Egypte. Il serait donc inutile de rechercher l'alliance anglaise, parce qu'il ne saurait y avoir d'alliance réelle et durable entre deux rivaux, poursuivant avec une égale ardeur une proie de laquelle dépend pour ainsi dire la prospérité de chacun d'eux et qui ne pourrait être partagée.