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225 Combien d'instituteurs sans idées n'obtiennent qu'un médio- cre résultat, malgré l'organisation irréprochable de leur en- seignement ! Combien d'établissements stériles pour la so- ciété, où les diverses branches de l'instruction sont classées dans un ordre parfait, où les éléments de la science sont com- binés avec une symétrie rigoureuse ? Que d'améliorations mesquines et étroites dont on fait bruit et qui font sourire de pitié les esprits graves ! Si un établissement se forme sur des formes nouvelles, si la confiance lui arrive et qu'il annonce une vitalité un peu puissante, on sentira peut-être le besoin de l'imiter, mais il s'en faut qu'on le fasse toujours avec in- telligence. Ce qu'on étudie avant tout, ce qu'on tente de s'ap- proprier, ce n'est pas l'idée, le principe, la substance, c'est le mécanisme, la méthode, la forme. On se revêt, pour ainsi dire, du même costume, on s'empare de la lettre sans s'in- quiéter de l'esprit, on arrange les classes d'une certaine fa- çon, on dispose les heures comme ceci, et les maîtres comme cela, et on crie : progrès. L'homme sérieux, Messieurs, serait tenté de s'écrier : pitié ! A Dieu ne plaise qu'il entre dans ma pensée de déprécier les méthodes, je sais toute leur efficacité et toute leur im- portance. Les bonnes méthodes aident puissamment l'éduca- cation ; les méthodes défectueuses peuvent l'entraver, et même la rendre tout-à -fait impossible. Entre les mains de l'éducateur intelligent, la méthode, c'est comme un instru- ment de culture morale. Qu'il s'applique donc à la perfec- tionner le plus possible, mais qu'il s'étudie, avant tout, à donner à la main qui s'en sert la vigueur et l'habileté; qu'il simplifie et qu'il améliore sa méthode, mais qu'il se pénètre d'abord, lui éducateur, d'intentions généreuses, de pensées hautes et fécondes, qui excitent le dévouement et agissent di. rectement sur les âmes. Disons-le donc : les questions de méthodes classiques sontpeut-ôtre trop vivement, trop exclusi- fs