page suivante »
473 venir de cette libéralité, lorsqu'il dit ; Cladem Lugdunensem qua dragies sestertio solatus est Pnnceps, ut amissa urbireponerent(l); et s'il n'indique pas formellement un incendie, on ne peut l'enten- dre que do cet événement, d'après les données que nous avons d'ail- leurs : aussi l'a-t'ou toujours entendu de cette manière (2). En supposant que cet acte eut lieu peu après l'incendie, on pour- rait conjecturer avec une extrême vraisemblance qu'il fut suggéré à Néron parSénèque. Si, dans sa lettre à Lucilius, que j'ai déjà citée, il ne nous a rien appris de la cause de ce malheur, non plus que d'autres circonstances qui seraient aujourd'hui des plus intéressantes pour nous, nous y voyons du moins qu'il s'affligeait sincèrement de cet événement funeste, qu'il nous a décrit avec les plus vives cou- leurs (3). Sans doute, cette sympathie venait surtout de son atta- chement pour leur ami commun, Liberalis, alors absent de Romo, et qu'il semble nous désigner en cet endroit comme l'un de nos com- patriotes. A la manière dont le philosophe nous dépeint l'affliction que cet ami dut éprouver, on ne peut guère méconnaître, en effet, la douleur d'un citoyen pleurant sur les ruines de sa patrie (4). ad an. p. Chr. 18. Celte libéralité de Tibère, la seule de ce genre qu'il ait faite, dit Suétone, (loc. laud.), est encore attestée par une médaille bien con- nue qui fait lire au revers CIVITATIBVS ASIAE RESTITVTIS, et par le célè- bre monument de Pouzzoles, sur lequel on peut voir l'ouvrage de L.-Th. Gronovius intitulé : Marmorea bonis colossi Tiberio Cœsari erecti ob dvilales Asiœ restitutas; etc. Lugduni Bat., 1720. pt. in-8°. (1) Annal. XVI, 13. (2) Tacite, on vient de le voir, en parlant de l'incendie de Rome, a em- ployé comme ici, le mot clades. (3) On peut remarquer ces vœux du philosophe pour noire ville:fe hacquo- que urbe verisimile est certaturos omnes esse, ut majora certioraque, quam ami- sere restiluanlur. Sint uiinam diuturna, et melioribus auspiciis in œvum longius condita ! (4) Peut-être serait-on fondé à attribuer à notre Liberalis el à sa famille un monument portant une triple inscription, lequel était autrefois encastré dans un mur de l'Antiquaille, etqu'on voit aujourd'hui au musée Saint-Pierre, sous le n° XXIX.