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   Cet incendie, dont on retrouve encore des traces profondes sous
le sol d'un grand nombre de quartiers, fut un terrible désastre pour
notre ville. Même en faisant la part des exagérations déclamatoires
qui sont ordinaires à Sénèque, on peut s'en former une idée d'après
des phrases comme celles-ci : Nunquam denique tam infestwm ulli
exarsit incendium, ut nihil alteri superesset incendia. Tôt pul-
cherrima opéra, quœ singula illustrare urbes singulas passent,
una nox stravit ; et in tanta pace, quantum ne bello quidem ti-
meri potest, accidit. Quis hoc credat, ubique armis quiescentibus,
cum toto orbe terrarum diffusa securitassit, Lugdunum quodosten-
debatur in Gallia, quœri ? Omnibus fortuna quos publiée afflixit,
quod passuri erant timere permisit : nulla res magna non ali-
quod habuït ruinœ suœ spatium : in hac una nox fuit inter urbem
maximum et nullam, Denique diutius illam tibi périsse, quam
periit, narro, etc. (1). Il y avait donc bien à faire pour relever tant
de ruines, et la somme donnée pour cela par le souverain ne consti-
tuait pas, vu les circonstances, une libéralité fort considérable (2).
D'ailleurs, elle n'était en quelque sorte qu'uae restitution ; car, Ta-
cite, immédiatement après avoir rapporté ce fait, nous apprend
qu'une somme égale avait été généreusement avancée par les Lyon-
nais, à une époque de troubles, au sujet desquels il ne nous dit rien
de plus : Quam pecuniam Lugdunenses ante obtulerant, turbidis
casibus (3).
   Néanmoins, et tout odieux qu'était alors le prince, son don fut
accueilli avec reconnaissance ; et ce sentiment honorable à nos
aïeux, ne fut pas éphémère, comme il l'est trop souvent chez les peu-
ples. On est fondé à supposer , du moins, qu'il eut quelque part à

   (1) Loc. laud.
   (2) Par une munificence peu dispendieuse, plusieurs de nos anciens écri-
vains lyonnais, se sont plu à grossir considérablement celte somme, à la dé-
cupler même, sans y être autorisés par aucune variante des textes de Tacite
(Colonia, Hist. iitler., lom. I, ire part., p. 165. —Breghot du Lut, Nouveaux
Mélanges, p, 416, not, 2). Cette somme, telle que la détermine Tacite, équi-
valait environ à 800,000 f. de notre monnaie actuelle,
   (3) Annal. XVI, 13.