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471 chez eux. Aussi, malgré toutes mes recherches, n'ai-je rien pu trou- ver d'un tel projet, ni chez Tacite que cite le journaliste, ni chez les autres écrivains de Rome. Il est vrai seulement que l'histoire , comme on le verra bientôt, nous montre les Lyonnais attachés à la cause de Néron ; mais dans leur conduite à l'égard de ce prince, on peut reconnaître la fidélité, la gratitude, peut-être un autre sentiment moins honorable, la haine pour une ville rivale ; nulle- ment l'amour du tyran, ou de la tyrannie. Je vais rappeler les faits de cette époque dont le souvenir nous a été conservé. A l'avènement du jeune Néron à l'empire, et lorsqu'il donnait aux gens de bien des espérances qui furent trop tôt déçues, les Lyonnais devaient être favorablement disposés pour lui, à raison des liens de famille qui l'attachaient en quelque sorte à leur cité. Claude, oncle et second mari de sa mère Agrippine, qui lui avait donné le titre de César, et dont il fut le successeur, était né à Lug- dunum, comme nous l'apprend Suétone, et le jour même où l'on y célébrait la dédicace de l'autel de Rome et d'Auguste (1) si souvent mentionné dans nos antiques inscriptions, et que l'on voit aussi re- présenté sur les médailles(2).Claude donna son nom à sa ville natale que les monuments lapidaires, à Lyon et ailleurs, appellent fréquem- ment COLONia COPIA CLAVDw AVGwsta LlGdunum(S); et il té- moigna encore de son attachement pour ses compatriotes, dans le dis- cours qu'il prononça au sénat, et dont le texte nous a été conservé dans les précieuses tables de bronze de notre Musée (4), bien plus (1) Claud. II ; cf. Senec, Apocolok. (2) Au revers d'Auguste, de Tibère, et de Claude lui-même, quoique bien plus rarement. (3) Les noms de notre ville sont écrits de celle manière sur le monument taurobolique de Tain (Chalieu, Mdm. s. div. antiq. du dép. de la Drôme, pi. I). ce qui Justine ailleurs l'interprétation des signes C. C. C. (4) Ces tables trouvées, en 1528 ou 1529, vers la côte de Saint-Sébaslien (Spon, Recherche des Antiq. de Lyon, p. 169; — Colonia, Eist. litter. tom. 1 e r , l r e part., p. 134), ne paraissent pas contenir tout le discours. Barthélémy prétend (Voyage en Italie, lettre I) que ce n'esl qu'une seule table cassée en deux, ce que j'aurais peine à admettre. Un savant professeur allemand,