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    II faut dire aussi qu'il fut puissamment secondé dans
  son œuvre de rénovation par le talent et surtout par la
 passion musicale d'un autre professeur. — M e Mongolfier
 avait déjà préparé le terrain et réunissait autour d'elle
 tous ceux qui, à Lyon, s'occupaient de musique avec quel-
 que distinction. Baumann fut accueilli comme une riches-
 se inespérée,, comme un moyen puissant de propagande
 musicale.
    C'est alors que commença l'initiation du public aux
 sévères compositions des grands maîtres allemands.
Le nom de Beethoven était à peine connu de quelqueSr
uns 5 on savait la réputation de Mozart, parce que la
scène avait révélé l'éclat de son génie 5 de Haydn quel-
ques symphonies et quatuors étaient exécutés tant bien
que mal, par ci par là, dans de fort médiocres réunions
d'amateurs. Mais la traduction de Beethoven était à faire;
et pour cette Å“uvre difficile, immense, qui demande non
seulement l'habileté du mécanisme, l'aplomb d'une grande
pratique, mais une inspiration originale et poétique, et
pour ainsi dire le secours de la grâce, tant la source de
cette musique est élevée et divine, il fallait un artiste qui
fut presque l'intermédiaire entre le ciel et la terre.
    Or, Baumann possédait à un haut degré le sentiment
de cette merveilleuse idéalité ; justement parce qu'en
son caractère le raisonnement a une faible activité, la
forme un sens peu défini, la poésie vague et romantique
de l'Allemagne trouvait en lui un révélateur plus expres-
sif. D'ailleurs, la fougue, l'énergie, la pensée i-ude et
quelquefois bizarre, l'emportement passionné de Beethoven
allaient bien aux allures du violoniste. La voix mâle de
celui-ci, plus accentuée que délicate, plus puissante par la
force que par la pureté, peu faite au gazouillement de la