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403 II faut dire aussi qu'il fut puissamment secondé dans son œuvre de rénovation par le talent et surtout par la passion musicale d'un autre professeur. — M e Mongolfier avait déjà préparé le terrain et réunissait autour d'elle tous ceux qui, à Lyon, s'occupaient de musique avec quel- que distinction. Baumann fut accueilli comme une riches- se inespérée,, comme un moyen puissant de propagande musicale. C'est alors que commença l'initiation du public aux sévères compositions des grands maîtres allemands. Le nom de Beethoven était à peine connu de quelqueSr uns 5 on savait la réputation de Mozart, parce que la scène avait révélé l'éclat de son génie 5 de Haydn quel- ques symphonies et quatuors étaient exécutés tant bien que mal, par ci par là , dans de fort médiocres réunions d'amateurs. Mais la traduction de Beethoven était à faire; et pour cette œuvre difficile, immense, qui demande non seulement l'habileté du mécanisme, l'aplomb d'une grande pratique, mais une inspiration originale et poétique, et pour ainsi dire le secours de la grâce, tant la source de cette musique est élevée et divine, il fallait un artiste qui fut presque l'intermédiaire entre le ciel et la terre. Or, Baumann possédait à un haut degré le sentiment de cette merveilleuse idéalité ; justement parce qu'en son caractère le raisonnement a une faible activité, la forme un sens peu défini, la poésie vague et romantique de l'Allemagne trouvait en lui un révélateur plus expres- sif. D'ailleurs, la fougue, l'énergie, la pensée i-ude et quelquefois bizarre, l'emportement passionné de Beethoven allaient bien aux allures du violoniste. La voix mâle de celui-ci, plus accentuée que délicate, plus puissante par la force que par la pureté, peu faite au gazouillement de la