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 grâce et du fini, convenait aux proportions de la sym-
 phonie héroïque, et à la sombre mélancolie de la marche
 sur la mort d'un héros. Ce fut donc le quatuor en si de
 Beethoven et dans les menuets rapides dé Fesca, que nous
 entendîmes pour la première fois Baumann; —• peu de
 violonistes dans ce genre de musique nous ont fait
autant de plaisir,. Les écarts et même l'inégalité de son
talent lui venaient en aide ; en ces sortes de composi-
 tions où les ressources d'effets sont bornés par le nombre
et la nature des instruments, la monotonie est si difficile à
éviter que l'artiste est obligé de dominer son auditoire
d'un bout à l'autre.
    On peut dire qu'avant Baumann la musique de salon
était inconnue à Lyon. Successivement notre ville
 s'est enrichie de plusieurs instrumentistes habiles, mais
 dans les rivalités de talent, dans la lutte d'ambition et de
 gloire qu'a fait naître une noble émulation, nul n'a en-
levé à Baumann le sceptre du quatuor; — il est resté sans
 égal dans cette portion de son domaine.
    Baumann n'eut donc qu'à se produire pour ranger le
public sous sa loi; la conquête fut rapide. Alors com-
mença pour lui une vie de patience et de travaux obscurs,
— véritable vie de sacrifice et de dévouement, remplie de
fatigues et d'ennuis, sans dédommagement de fortune et
d'illustration. — La carrière de l'enseignement est la plus
ingrate de toutes : il faudrait se mettre à genoux devant
ces hommes qui veulent bien faire de nos enfants quelque
chose, qui pressurent à notre profit leur ame et leur intel-
ligence, qui nous allaitent avec le suc le plus précieux, pour
nous faire marcher dans l'avenir plus beaux, plus grands,
plus forts; bientôt, s'éleva, autour de Baumann, une pépi-
nière de jeunes violonistes. L'influence du maître se répandit