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ractère, l'éclat de ses dispositions lui eurent bientôt acquis
l'affection du maître, affection dont l'élève conservera
toute sa vie le souvenir le plus reconnaissant.
    Si le public savait au prix de quelles misères, de quels
labeurs, de quelles fatigues, l'artiste achète parfois son
talent, il se montrerait moins injuste et moins sévère. Nous
avons connu toute une famille, que le père conduisait
impitoyablement dans les routes fleuries de la science
musicale, à grands coups de verges. Il fallait travailler
sous peine du fouet et ces pauvres enfants étaient traités
aussi durement que les nègres d'une plantation. Bau-
mann paya aussi par de grandes fatigues l'inestimable prix
 des leçons de M. Baillot. N'ayant d'autre fortune, que la
paie du régiment, il fît, à pied, pendant deux ans et tous les
jours, le trajet de Versailles à Paris ; au Conservatoire ses
progrès furent rapides et couronnés d'un succès éclatant.
Il obtint au concoux-s de x8i8 le premier prix de vio-
lon ; alors il quitta le régiment et vint se fixer à Lyon.
    A cette époque, l'art musical était encore engourdi dans
les traditions routinières et provinciales ; il était de prin-
 cipe professoral qu'un amateur en savait toujours assez
et que la 'musique n'entrait dans les programmes d'édu-
cation, que comme un des éléments les plus futiles.
La province était restée bien plus en arrière du mouve-
ment de Paris, qu'elle ne l'est aujourd'hui et Baumann
trouva notre cité peuplée de fort minces et fort rares
talents. Heureusement son arrivée coïncidait avec cet
effort d'impulsion et de progrès dans les choses et les
idées, qui se développa énergiquement de 1818 à 18305
la mission, qu'il était appelé â accomplir, rencontra une
maturité de situation, propre à rendre les résultats plus
rapides et plus complets.