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n ' a - t - e l l e pas été formée des deux couches succes-
sives qu'on observe chez presque tous les peuples anciens?
N'a-t-elle pas commencé par être pélasgique avant d'être
hellénique? Les Arcadiens, à la tête desquels Evandre reçoit
Enée, aux lieux où Rome s'élèvera un jour, ne sont-ils pas
eux-mêmes les descendants des Pélasges échappés à l'exter-
mination de leur race, et retirés sur les hautes montagnes
qui forment le centre du Péloponèse? Enfin, les Troyens ne
tiennent-ils pas aussi à la souche pélasgique? N'est-ce pas
pour cette raison que, lorsque Priam, au dire de Virgile lui-
même, vint visiter à Salamine sa sœur Hésione, il voulut
pousser jusqu'en Arcadie ?
          Nam memini Hesionœ visentem régna sororis
          Laomedontiaden Priamum, S'îiamina petentem,
          Protinus Arcadiœ gelidos invisere fines (1).

 Les guerriers qu'Hercule et Agamemnon conduisirent suc-
 cessivement contre les remparts de Troie, n'allaient-ils pas y
exercer les dernières hostilités de la race hellénique contre
celle des Pélasges? n'est-ce pas sur le chemin des migrations
pélasgiques que Teucer bâtit sa ville ? n'est-ce pas du mi-
lieu des pélasges italiques que Dardanus y ramena une
colonie ? Si on admettait ces opinions, qui s'accommodent
aux conjectures récentes de l'ethnographie, il faudrait recon-
naître que c'est au milieu même des populations pélasgiques
que se passe l'action de l'Enéide, et que Virgile a composé une
œuvre dont la grandeur n'a point encore été suffisamment
reconnue, en rassemblant ainsi, sur un même lieu, des points
les plus opposés, tous les débris de la race sainte et primi-
tive des Pélasges, pour en faire naître la nation romaine, et
pour montrer dans celle-ci l'éclatante revanche de leur dé-
faite et de leur oppression.

  (1) JEneis. Iib. VIII.