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317 soldats, à tous ces généraux qui rêvaient l'asservissement du monde, au milieu des armes, des rapines et des débauches. D'après tous les témoignages de l'antiquité, Virgile com- posa ses dix Eglogues dans l'espace de trois ans, c'est- à -dire depuis l'âge de vingt-neuf ans jusqu'à celui de trente-deux. Il y chanta les louanges de tous ses protec- teurs, la clémence d'Octave, la mort de César dont le nom couvrait les desseins de son petit-neveu, la gloire de Pol- lion et la naissance de son fils, la science et la bonté de Varus, les amours de Gallus. Théocrite avait célébré les champs dans le palais des Ptolémées; Virgile célébra aux champs les exploits et les bienfaits de ses illustres amis. Le premier a écrit de véritables pastorales; le seconda composé plus souvent des allégories bucoliques. Voilà la grande différence qu'il faut faire entre le maître grec et l'élève latin. Considérées en elle-mômes, les Eglogues sont comme les soupirs d'une ame tendre, déjà lassée quoique jeune, et qui se refait aux champs, non sans quelques tristes retours, une seconde innocence. Les pipeaux des bergers ne sont pas seulement l'instrument favori d'une civilisation qui est à ses commencements; c'est à leur voix argentine que le jeune homme se plaît à associer ses désirs et ses pensées : il me semble en entendre la mélodie simple et rêveuse dans les premiers vers de Virgile. La couleur claire et douce dont Raphaël revêtit les figures candides de sa première manière, me paraît avoir aussi les rapports les plus voisins avec le souffle limpide et pur du chalumeau virgilien. L'ame qui se révèle au monde n'a pas besoin de tous ces artifices que le raffinement du goût et la multitude des sensations rendent plus tard nécessaires; c'est aux plus naïfs accords de la lumière on du son, qu'elle confie l'expression de ses sentiments. Je serais fort porté à croire que Virgile ne connaissait pas les splendeurs du ciel napolitain, lorsqu'il composa ces pe-