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315 cendre des plateaux du Jura, se prendre d'amour pour les côtes éblouissantes de l'Italie, et reproduire cependant sur la physionomie des heureux habitants qui les peuplent, la tristesse des hommes qu'il avait laissés silencieux et pensifs sous les sapins de son village. Si jamais un artiste mérita de servir de commentaire à Virgile, c'est assurément le peintre des Moissonneurs et des Pêcheurs. Comme le divin modèle dont il semble souvent qu'il ait traduit les poèmes à sa façon, il est arrivé à l'intelligence de l'homme et à l'amour du beau par le sentiment de la nature; comme lui, il a placé dans le peuple le type de la beauté, de la pureté, de la tristesse. On a discuté sur le temps où Virgile a pu habiter Naples pour la première fois. Quelques auteurs voudraient qu'il n'eut point quitté la Cisalpine avant l'époque où il fit sa pre- mière Eglogue dans laquelle il paraît indiquer, en effet, que Rome lui était jusqu'alors demeurée inconnue. D'autres pré- tendent trouver, au contraire, dans la cinquième Eglogue, la preuve qu'il avait vu Rome avant ce temps, et qu'il y avait été apprécié par César... . . . . . . Amavit nos quoque Daphnis. D'autres ont écrit que, dès sa première jeunesse, il avait fait des vers qui étaient devenus célèbres , et que sa sixième Eglogue ayant été récitée à Rome, dans un théâtre, devant Cicéron, le grand orateur avait aussitôt proclamé son admiration par un hémistiche que Virgile recueillit, plus tard, dans l'Enéide : . . . . * . magnse spes altéra Romœ. Il paraît cependant certain que lorsque Jules César fut assa- siné, Virgile, touchant à sa vingt-septième année, n'était encore connu par aucune poésie, et que, plusieurs mois après.