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316 toujours obscur, peut-être toujours oisif, il apprenait la mé- decine à Milan, ou l'exerçait à Andes, tandis que Cicéron mourait victime du premier triumvirat d'Octave. Celui-ci re- vint, l'année suivante, de Philippes pour faire à ses vétérans le partage des terres de l'Italie, et pour donner à notre poète, plus âgé que lui de sept ans, la première occasion de mani- fester son génie. On a répandu diverses fables sur les premières relations d'Oc- tave et de Virgile. On a dit que le poète dut à ses connais- sances médicales de devenir l'ami du maître des écuries d'Au- guste, et à une facétie de devenir ensuite celui de l'empereur lui-même. On a prétendu aussi qu'un distique affiché aux portes du palais avait commencé cette liaison. Mais les Bu- coliques semblent contenir des indications précises qui dé- mentent tous ces récits. Dépouillé par les soldats des trium- virs du petit patrimoine que son père possédait à Andes, il est probable que Virgile partit pour Rome, avec la recom- mandation de Varus, son condisciple, et que, grâce à elle, il obtint la protection du petit neveu de César. Par Varus, ou par Cornélius Gallus, né dans les montagnes du Frioul, il fut aussi présenté à Asinius Pollio qui était alors, dans la Cisal- pine, à la tête des troupes de Marc Antoine ; Asinius Pollio devint un de ses plus fermes soutiens et le recommanda lui- même à Mœcenas, son ami intime et lieutenant d'Auguste. Ces renseignements, dont l'autorité paraît incontestable, n'ex- pliquent-ils pas suffisamment le crédit de Virgile auprès de l'empereur? Les Bucoliques ont été écrites à cette époque où le poète, arraché à son obscurité et à son repos, par les calamités ci- viles, fut forcé de se mêler au flot des événements et des hommes qui devaient renouveler son siècle. Fidèle au culte de ses divinités champêtres, ce fut sous le costume des ber- gers de l'âge primitif que son génie se montra a tous ces