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tard, il visita Naples, y étudia aussi, y vécut plus heu-
reux et plus longtemps qu'en aucun autre lieu, et voulut
qu'on y élevât son tombeau. Il fut retenu dans ce beau pays
par deux attraits. Il y trouva dans la magnificence réunie des
montagnes et de la mer, dans la fécondité inépuisable de la
terre, dans la chaude lumière du ciel, dans la grandeur et la
variété infinie des horizons, l'idéal des rêves qu'il avait pu
former au milieu des paysages de la Cisalpine ; il entendit
la littérature grecque prodiguer l'enchantement de ses ima-
ginations et de ses idées sur ces admirables rivages, aux-
quels elle semblait prêter une voix. Grâce à l'harmonieux
accord de cette nature et de cette poésie, il acheva, sans doute,
de perfectionner son goût qu'il cultivait dès l'enfance, et
il apprit à jeter à pleines mains l'éclat et la grâce dans le
 rude langage de Rome. Mais, parmi toutes ces splendeurs,
 il n'oublia pas les aspects plus sévères du pays natal; par
souvenir, peut-être aussi par une mélancolie naturelle, il se
plut aux sombres perspectives de l'Averne, et, avant d'en
reproduire le sentiment dans les plus beaux vers de l'Enéide,
il en associa l'image à celle des lacs de l'Italie septentrio-
nale , dans un passage des Géorgiques :

             Anne lacus lanlos? Te, Lari maxime, teque,
             Fluctibus et fremitu assurgens, Benace, marino ?
             An memorem porlus, Lucrinoque addita claustra,
             Atque indignatum magnis stridoribus Å“quor,
             Julia quà ponto longé sonat unda refuso
             Tyrrhenusque fretis initnittitur aestus avernis (1).


   Rien n'est peut-être plus propre à graver fortement dans
le cœur les impressions de l'enfance que de leur être violem-
ment enlevé par quelque hasard ou par quelque passion.
C'est ainsi que, de nos jours, on a vu Léopold Robert des-
   (1) Géorgie, lib. II.