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 son de trompe, on se hâta de creuser. Zacharie suivait sa
 ligne avec l'audace et l'impétuosité du sanglier qui ne dé-
 vie pas.
    Mais la mort vint le surprendre au milieu de cette vaste
 exécution. Le canal s'arrêta en chemin : de Givors, il ne fut
 qu'à Rive-de-Gier.
    L'entrepreneur n'emporta dans l'autre monde ni ses plans,
 ni ses devis; mais on enterra avec lui le principal mobile de
 son projet, l'envie d'être utile à ses concitoyens, et, sous ce
 rapport, on peut dire que sa succession tomba plus tard en
 déshérence.
    En effet, émerveillés de leur profit, les successeurs de Za-
charie pensèrent que ce serait gâter leur position, une po-
sition dorée, que de poursuivre ce qu'ils appelaient les rêves
de leur auteur, en prolongeant le canal au delà de Rive-de-
Gier; eux surtout qui n'avaient, dans le fait, accepté la
gloire de ce dernier que sous bénéfice d'inventaire.
    Or donc, et qu'on nous passe ce souvenir d'écolier, le ca-
nal arrêté au quart de sa course, de même que le Rhin, avant
l'entreprise de Louis XIV, depuis trente à quarante ans,
        « Appuyé d'une main sur son urne penchante, »
        « Dormait au bruit flatteur de son onde naissante, »

lorsqu'en 1829, M. Séguin est venu dans le pays planter
son drapeau.
   Il traça son chemin de fer, et l'établit presque parallèle-
ment au canal.
   Il n'y avait que cet événement, que cette nouvelle con-
quête de l'industrie qui put réveiller le canal de Givors de
cet assoupissement plus que trentenaire.
   Aussi, à la vue de tous ces wagons chargés de houille cir-
culant à peu de distance de sa berge et avec la rapidité de
l'éclair, il ne sommeilla plus.