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    La renaissance des études classiques se fait aussi vivement
 sentir : Elisabeth prononça plusieurs fois des harangues la-
 tines dans ses visites aux Universités de Cambridge et d'Ox-
ford; plusieurs citoyens fondèrent, à leurs frais, des collèges
où l'on enseignait la rhétorique, l'astronomie, la géométrie,
la physique et les langues anciennes ; lorsque quelques
nuages s'étaient élevés entre la reine et son premier minis-
tre, c'était avec des citations de l'Ecriture, ou avec des tirades
de Virgile et d'Horace que Cecil les dissipait. Elisabeth tra-
duisit Boèce, elle ornait ses dépêches de grec et de latin ;
lady Burleigh et lady Bacon étaient plus fières de leur savoir
que de leur naissance, et Smith de professeur devint ambas-
sadeur-ministre ; on nous permettra de ne pas prononcer ici
un de ces noms qui n'appartiennent pas à une époque par-
ticulière, W. Shakspeare. — Cependant," l'ardeur pour les
études classiques ne fut que secondaire en présence de la
grande invasion biblique qui caractérise la littérature anglaise
de ce temps-là, et ici je ne puis m'empocher de faire une ob-
servation qui n'est pas seulement applicable à l'Angleterre;
elle portait autrefois le nom de joyeuse Angleterre, tnerry
England; la Réforme ne serait-elle pas une cause du chan-
gement opéré dans le caractère national? Le protestantisme,
religion de doute et d'examen, préoccupe trop l'esprit au dé-
triment du cœur : examiner est un travail, croire est un
plaisir : la raison et la foi ont toujours lutté dans le monde,
et cette lutte n'est pas encore terminée : si celle-là triomphe,
adieu les purs épanchements du cœur, les doux épanouisse-
ments de l'ame ! Elle pourra se glorifier de ses penseurs pro-
fonds, elle pourra montrer avec orgueil Bacon et Leibnitz,
ces deux protestants, pères de la philosophie moderne; mais
l'art, mais les prestiges, la poésie de l'art resteront toujours
à la foi ardente et créatrice. — Si la Réforme était venue
cinq cents ans auparavant, nous n'admirerions point tant de