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222 son clergé, je laisserai à juger la situation politique et reli- gieuse de l'Angleterre sous Elisabeth. Essayons maintenant d'apprécier l'état intellectuel de ce pays : là , comme partout ailleurs à la môme époque, l'in- telligence était sortie de son long engourdissement ; l'An- gleterre aussi avait participé à ce mouvement universel des esprits; c'était une immense ardeur de connaître, de savoir, et les rois eux-mêmes se faisaient honneur de placer leur nom à la tête d'un livre de controverse. Quand le protestan- tisme eut été établi, que les rois eurent, à leur insu, sans doute, ouvert libre carrière à toutes les opinions, ou, si l'on veut, à toutes les convictions religieuses, ce fut sur toute l'Europe un débordement soudain de libelles controver- sistes, de pamphlets mystiques, de livres théologiques, farcis d'un jargon que nous ne pourrions plus comprendre. C'était uae réhabilitation, comme on disait, de l'ancien Testament dont les textes défigurés, torturés, servaient à la démonstra- tion que recherchaient les auteurs : expliquons notre pensée. — Si Elisabeth épargne Marie, dit l'orateur Pickering, elle fera comme Saùl épargnant Agag, ou bien comme Achab épargnant Benhadad.— D'Essex s'excuse de n'avoir pas paru au Conseil sur l'exemple de David désobéissant à Saùl ! — Le ministre Cecil disait, quelques années auparavant, à ce même d'Essex : les hommes altérés de sang ne vivront que la moitié de leurs jours ; ces paroles, comme on sait, sont tirés textuellement de l'Ecriture. — A l'époque où la reine paraissait donner quelque espoir à l'amour du duc d'Alençon, Stubss comparait ce mariage à celui du diable avec Dieu.— Quand Morton fut sur le pied de l'échafaud, « il tomba dans des convulsions, signes du travail intérieur de l'esprit de Dieu. » — Un imprimeur fut mis à mort pour avoir impri- mé un livre où l'on conseillait aux filles d'honneur de la reine d'imiter l'exemple de Judith tuant Holopherne.