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221 cet aventureux don Juan qui voulait une couronne pour son front, et qui ne trouvait rien de plus beau que d'arracher de sa prison celle quis'était appelée reine de France et d'Ecosse, pour s'asseoir avec elle sur le trône qu'il lui aurait rendu; j'accorde que la veuve de François II eut le tort de céder à de funestes influences et de s'obstiner à porter le titre de reine d'Angleterre, qu'elle fut imprudente d'écrire , aux jours de sa prospérité, cette lettre légère où les défauts et la vie privée d'Elisabeth n'étaient pas ménagés; j'accorde tout ce qu'on voudra, mais je soutiens qu'Elisabeth fut coupable de consentir au jugement de celle qui était venue lui demander un asile; elle fut coupable de fermer les yeux sur l'iniquité de la procédure, de faire périr auparavant Babington et Bal- lard dont le témoignage servait de base à l'accusation, de ne pas permettre la confrontation de la royale accusée avec ses deux secrétaires dont la déposition était d'un si grand poids; elle apprenait enfin à ne plus respecter l'auréole sacrée qui entourait le front des souverains, elle légitimait, autant qu'il était en elle, la condamnation du fils de son successeur, le jour où elle signait la sentence de mort d'une femme qui dit en mourant : « J'ai été reine de France, j'ai été reine d'E- cosse, j'avais des droits à la couronne d'Angleterre, et je meurs sur l'échafaud ! » Car on se rappelle que soixante ans à peine séparent le billot de Fotheringay de l'échafaud de Withe-Hall. J'ai hâte de détourner les yeux; et, après avoir conclu qu'Elisabeth fit. un usage quelquefois blâmable de son exor- bitante prérogative, après avoir ajouté une chose qui se de- vinera facilement, qu'elle se montra aussi jalouse desesdroits temporels que de sa suprématie spirituelle, qu'elle exigea de ses sujets une obéissance aveugle et passive, et qu'elle voulut que la recommandation en fut faite tous les dimanches par