page suivante »
220 et fulminait les plus terribles anathêmes contre ceux qui re- connaîtraient la file du crime, que des intrigues continuelles, dont le foyer était à Douai ou à Rome, purent à peine être déjouées par l'active surveillance de Walsingham et l'i- nexorable sévérité d'Elisabeth, que des écrits séditieux, des pamphlets alarmants, sortis de la plume des Jésuites Person et Campian, circulaient dans le royaume, et nécessitèrent des répressions plus sévères de jour en jour, à mesure que la couronne se croyait plus menacée. Oh ! sans doute, je suis loin d'approuver ces rigueurs impitoyables, ce système de délation qui s'en allait corrompre la sainteté du foyer, qui plaçait le soupçon et la défiance là où la nature a mis l'af- fection et l'amour; cependant, je me sens moins disposé à blâmer, quand je vois tant d'épreuves opiniâtrement tentées pour ébranler la fidélité des Anglais, quand je pénètre dans celte entrevue mystérieuse de Bayonne, où Catherine de Mé- dicis et le farouche duc d'Albe jurèrent l'extermination du protestantisme; quand je vois le biographe du pape Pie V faire honneur à ce pontife d'avoir fomenté des complots contre la couronne, je n'ose pas dire contre la vie d'Elisabeth; quand j'ai sous les yeux la liste de toutes les conspirations, de toutes les insurrections qui se multiplièrent d'une manière ef- frayante; en présence de tels faits, je me demande si le gou- vernement d'Elisabeth ne se trouvait pas dans le cas de légi- time défense et de légitime précaution, s'il n'était pas de son devoir d'étouffer, à sa naissance, l'incendie qui menaçait d'une conflagration générale. En parlant d'Elisabeth, on ne peut pas ne point parler de Marie Stuart ; certes, voilà une page que je déchirerais vo- lontiers dans la vie de la reine d'Angleterre; quand on ad- mettrait que la malheureuse captive souscrivit à des projets qui devaient amener sa délivrance; qu'elle ne fut pas étrangère au plan hasardeux de ce jeune gouverneur des Pays-Bas,