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  ont ensanglanté le règne d'Elisabeth ; si les tribunaux ont
  dépassé ses intentions, c'est ce que je ne résoudrai pas, mais
  il faut reconnaître que des abus scandaleux furent commis,
 que beaucoup de sang innocent fut versé, que d'injustes con-
 fiscations furent infligées , que la liberté de conscience fut
 étrangement violée, et que l'intolérance fut, en Angleterre,
 comme elle l'avait été à Genève et partout ailleurs, le péché
originel de la Réforme : et, cependant, bien des motifs pour-
 raient nous porter à excuser le gouvernement d'Elisabeth, si
 une infraction aussi flagrante des lois de la morale et de la
 politique était jamais excusable : d'abord les idées du temps.
 — C'est pour cette époque de haines enthousiastes qu'aurait
 dû être fait, le proverbe : qui n'est pas pour nous est contre
nous. Protestants et catholiques se délestaient, se haïssaient,
se persécutaient également; Calvin et l'Inquisition, la Saint-
 Barthélémy et Whitgift se répondent l'un à l'autre; Elisabeth
 fut intolérante, mais comme Philippe II fut intolérant,
comme Charles IX fut intolérant; et, puisqu'il faut admettre
 comme principe en histoire qu'un homme ne doit être jugé
que comparativement aux hommes avec lesquels il vivait et à
l'époque où il vivait, il est juste, cemesemble, d'attribuer aux
temps la plus grande partie du tort que nous reprochons à
Elisabeth.—Ensuite, les circonstances dans lesquelles elle
se trouva méritent aussi notre attention : on sait qu'Eli-
sabeth était la fille de cette infortunée Anne de Boleyn dont
les charmes avaient été cause du schisme de Henri YIH; on
sait encore que les papes n'admirent jamais la légitimité
d'Elisabeth, qu'ils la regardèrent constamment comme le
fruit d'un mariage criminel, et, qu'à la mort de Marie, Paul
IV ne voulut pas consentir à l'installation de sa sœur ; on
sait qu'en 1570, Pie Y, qui se croyait encore au temps de Hil-
debrand ou d'Innocent III, déclarait, dans une lettre au moins
imprudente, qu'Elisabeth était déchue du trône d'Angleterre,