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    Voilà, certes, un pouvoir bien armé, bien fort, bien exor-
bitant; plaçons à côté le peuple.
    Au XVIe siècle, on le sait, la politique était religieuse, la
 voix de Luther avait remué la société jusqu'au fond de ses
 entrailles, et tout se ressentait de cet ébranlement encore
nouveau. Les grands événements de ce temps là ainsi que
les grands hommes appartiennent au moins autant à l'his-
 toire religieuse qu'à l'histoire politique, et c'est cette com-
 plication d'intérêts, cette variété de choses qui rendent si
 instructive et si animée la grande époque de la Réformation.
 Ainsi il ne serait guère possible d'étudier isolément et sous
 un seul point ^e vue la situation politique des esprits d'alors,
 c'est l'aspect religieux qui vous frappe tout d'abord : pour
 revenir à l'Angleterre, on ne peut nier qu'il n'y ait régné une
 grande fermentation; toute catholique trente ans aupara-
 vant, elle devait compter encore un grand nombre de ca-
 tholiques ; un peuple tout entier ne rejette pas si vite des
 croyances longtemps respectées, et j'admets sans difficulté
 cette supputation d'un historien qui affirme que même au
milieu du règne d'Elisabeth, il y avait encore en Angle-
 terre autant de catholiques que de partisans de la Réforme.
Ceux-ci se divisaient en deux grandes parties: les Anglicans
et les Puritains. Les Puritains avaient des principes trop sévè-
res et trop démocratiques pour une royauté de droit divin,
aussi le gouvernement d'Elisabeth les redoutait-il à l'égal de
ceux des catholiques qui croyaient encore au droit que s'ar-
rogeaient les papes de faire et de défaire les rois—de là cet
inflexibilité religieuse qui, selon M. Hallam, est le fond du
caractère de cette reine : elle veut faire triompher la reli-
gion qui place sur sa tête la tiare de pontife et la couronne
de roi ; bien du sang coulera, mais du moins elle restera
maîtresse du champ de bataille.
  Je n'ai pas l'intention de détailler toutes les cruautés qui