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218 Voilà , certes, un pouvoir bien armé, bien fort, bien exor- bitant; plaçons à côté le peuple. Au XVIe siècle, on le sait, la politique était religieuse, la voix de Luther avait remué la société jusqu'au fond de ses entrailles, et tout se ressentait de cet ébranlement encore nouveau. Les grands événements de ce temps là ainsi que les grands hommes appartiennent au moins autant à l'his- toire religieuse qu'à l'histoire politique, et c'est cette com- plication d'intérêts, cette variété de choses qui rendent si instructive et si animée la grande époque de la Réformation. Ainsi il ne serait guère possible d'étudier isolément et sous un seul point ^e vue la situation politique des esprits d'alors, c'est l'aspect religieux qui vous frappe tout d'abord : pour revenir à l'Angleterre, on ne peut nier qu'il n'y ait régné une grande fermentation; toute catholique trente ans aupara- vant, elle devait compter encore un grand nombre de ca- tholiques ; un peuple tout entier ne rejette pas si vite des croyances longtemps respectées, et j'admets sans difficulté cette supputation d'un historien qui affirme que même au milieu du règne d'Elisabeth, il y avait encore en Angle- terre autant de catholiques que de partisans de la Réforme. Ceux-ci se divisaient en deux grandes parties: les Anglicans et les Puritains. Les Puritains avaient des principes trop sévè- res et trop démocratiques pour une royauté de droit divin, aussi le gouvernement d'Elisabeth les redoutait-il à l'égal de ceux des catholiques qui croyaient encore au droit que s'ar- rogeaient les papes de faire et de défaire les rois—de là cet inflexibilité religieuse qui, selon M. Hallam, est le fond du caractère de cette reine : elle veut faire triompher la reli- gion qui place sur sa tête la tiare de pontife et la couronne de roi ; bien du sang coulera, mais du moins elle restera maîtresse du champ de bataille. Je n'ai pas l'intention de détailler toutes les cruautés qui