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0 poète, sois calme et beau par la douceur ;
Qu'elle éclaire ton front et siège dans ton cœur!
Sois comme le grand chêne au feuillage sonore,
Où mille voix d'oiseaux s'éveillent à l'aurore,
Et qui chante à la brise, et qui porte en son flanc
Un miel pur et secret goutte à goutte coulant.
Que la haine jamais, que jamais l'amertume
N'enveniment tes flots de leur sanglante écume.
Au sarcasme jamais n'ouvre ta bouche d'or.
Qu'en tes vers, blonde gerbe où nul serpent ne dort,
La tendre sympathie, ou visible, ou voilée,
Gomme une fleur du ciel soit toujours recelée.
Que ta parole, enfin, pour qu'on y croie un jour,
Vive par l'harmonie, et surtout par l'amour,
Va, fécond par le cœur, va, comme la nature;
Donne un peu de ton être à toute créature;
Relève les épis et les roseaux courbés-,
A l'ombre du buisson remets les nids tombés;
Aide à vivre tous ceux à qui la vie est bonne,
Verse en eux ce trop plein que le Seigneur te donne.
Si quelque chose en toi s'agite incessamment,
C'est que Dieu l'a créé pour aimer vaillamment.
Aime donc, aime donc, c'est là la sainte tâche !
Monte sur la montagne et bénis sans relâche,
Bénis, de ce trépied où le cœur s'agrandit,
 Et la terre qui chante, et l'homme qui maudit !