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pour arracher aux patriciens la connaissance du droit dont
ils avaient gardé pour eux le secret héréditaire;.et les lois
décemvirales, gravées sur douze tables de chêne, exposées
dans l'enceinte tumultueuse du Forum, furentles premiers
trophées de la liberté naissante. Plus tard, l'édit annuel du
préteur était aussi tracé sur un tableau accessible à tous les
yeux. Enfin, à l'époque deCicéron, l'étude des textes légis-
latifs entrait dans l'instruction élémentaire de la jeunesse
lettrée. Rome avait merveilleusement pressenti que l'au-
torité de sa jurisprudence égalerait celle de ses armes; et
que, si un jour ses enfants cessaient de régner par le
glaive, ils seraient encore les maîtres du monde par cette
pacifique science qu'ils portaient dans les plis de leur toge:

        Romanos rerum dominos gentemque togalam.

    Cependant ces exemples ont trouvé peu d'émulation
dans les siècles modernes. Du moins, au temps de nos pères,
la publication, au son de trompe, popularisait, jusque dans
les plus humbles hameaux, les principales dispositions de
quelques édits. Les coutumes des villes et des provinces
vivaient encore dans la mémoire des anciens du lieu. Au-
jourd'hui, pendant que les nouvelles lois vont s'enfouir
dans le volumineux cahos du Bulletin officiel, nos codes,
déjà consacrés par trente ans d'expérience demeurent scel-
lés pour la multitude. Nul ne peut aspirer à subir les
premières épreuves universitaires, s'il ne sait les institutions
de Solon et de Lycurgue : il n'est permis qu'à un petit
nomhre de connaître les nôtres ; et la maxime Nemo cen-
setur ignorare legem est devenue une fiction légale. L'in-
convénient d'un pareil état de choses commence à se faire
apercevoir : et naguère un jurisconsulte, investi de la con-
 fiance du gouvernement, termiaait une savante discussion