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119 colosse au rire moqueur et aux serres de vautour, devait, en présence d'une telle institution, perdre de sa tyrannie et ne conserver de sa puissance, que ce que cette puis- sance pouvait offrir d'aide, d'émulation et d'exemple. Mais l'Académie Provinciale dura peu, faute d'encoura- gement. Elle satisfaisait à l'un des besoins du moment A peine sut-on le comprendre. Le fond de cette pensée heu- reusement n'a pas été perdu ; l'ordonnance royale qui, avec des chaires de sciences et de belles lettres à Lyon en saura réaliser les bienfaits sans élever autel contre autel, sans rompre l'unité et l'indivisibilité de la républi- que des lettres en France. De Loy ne livra ses Préludes qu'avec peine et défiance. Le Portugais était devenu sa langue favorite. — Toutes ses compositions n'étaient plus que dans cette langue du Camoèns, dont l'harmonie le captivait, le tenait sous le charme : " Déjà Je luth français à mes doigts est rebelle » Et mes vers aujourd'hui, péniblement frappés, « Ne coulent plus de source à mon cœur échappés. » Cette pensée, qu'il exprime dans son XIIIe Prélude, était devenue sa pensée dominante -, mais il céda aux sollicita- tions de ses deux amis, MM. Massas et Coignet, membres l'un et l'autre du Cercle littéraire de Lyon , et dont les vers venaient d'obtenir un succès mérité. On peut bien dire qu'avant eus et depuis Louise Labé la poésie n'avait pu triompher du préjugé et de l'indifférence des Lyonnais, et que par eux recommença une carrière où les muses lyonnaises, récupérant leur vieille célébrité, fournirent à la littérature un riche contingent. La publication des Préludes fut accueillie avec faveur ; on admira le talent de l'auteur; on aima à rencontrer l'homme dans l'écrivain; on vit bien que ses vers n'avaient été faits que pour lui , pour lui seul ; que ce n'étaient là que de mystérieux épanchements, desjconfidences qu'il