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livrait et qui lui étaient presque arrachées. « Ce n'est pas
un poète, disait-on, qui cherche seulement la pompe et
la perfection de l'art ; c'est un infortuné qui s'entretient
avec lui-môme et qui touche la lyre pour rendre l'expres-
sion de sa douleur plus harmonieuse. » Son enthousiasme
pour nos grands poètes s'y exhale en de nobles pensées ,
cette dette d'admiration que, bien jeune, il avait con-
tractée envers Chateaubriand, et qui n'avait fait que s'ac»
croître comme le génie et la gloire du grand écrivain, il
s'en acquitte. Il a des chants pour l'amitié, pour cette
confraternité littéraire qu'il savait si bien cultiver. Il en
a pour la liberté, pour la religion. Toutes ses inspira-
tions sont nobles. Ses Préludes qui, au résumé, se pré-'
sentent comme le transparent d'une vie agitée, nous lais-
 sent aussi lire au travers le nom de Clarice. Nom toujours
cher! mais qu'il n'osait prononcer, par ce que dans ce
 nom se trouvait un reproche , un rappel à des amours,
 à des devoirs, loin desquels l'emportait l'acomplissement
d'une tache qui s'embrouillait toujours,
   Entendons-le s'écrier :

       Quand finiront ces jours d'absence?
       Quand pourrai-je, contre ton sein,
       Dans l'extase d'un long silence ,
       Goûter un bonheur pur et plein ?
       Ma lyre, si longtemps muette,
       Vibre d'elle-même aujourd'hui :
       C'est la douleur qui rend poète,
       Les vers sont enfants do l'ennui.
   Ailleurs, dans son XIVe Prélude :
       Ah ! si mon nom, paré de l'éclat du génie,
       Devient un jour l'orgueil de notre Séquanio,
       Quel bonheur d'apporter ma couronne à tes pieds !
       Alors âmes succès je te verrai sourire,
       Ton regard sera tendre et semblera me dire :
         « Les jours d'ennuis sont oubliés. »