page suivante »
120 livrait et qui lui étaient presque arrachées. « Ce n'est pas un poète, disait-on, qui cherche seulement la pompe et la perfection de l'art ; c'est un infortuné qui s'entretient avec lui-môme et qui touche la lyre pour rendre l'expres- sion de sa douleur plus harmonieuse. » Son enthousiasme pour nos grands poètes s'y exhale en de nobles pensées , cette dette d'admiration que, bien jeune, il avait con- tractée envers Chateaubriand, et qui n'avait fait que s'ac» croître comme le génie et la gloire du grand écrivain, il s'en acquitte. Il a des chants pour l'amitié, pour cette confraternité littéraire qu'il savait si bien cultiver. Il en a pour la liberté, pour la religion. Toutes ses inspira- tions sont nobles. Ses Préludes qui, au résumé, se pré-' sentent comme le transparent d'une vie agitée, nous lais- sent aussi lire au travers le nom de Clarice. Nom toujours cher! mais qu'il n'osait prononcer, par ce que dans ce nom se trouvait un reproche , un rappel à des amours, à des devoirs, loin desquels l'emportait l'acomplissement d'une tache qui s'embrouillait toujours, Entendons-le s'écrier : Quand finiront ces jours d'absence? Quand pourrai-je, contre ton sein, Dans l'extase d'un long silence , Goûter un bonheur pur et plein ? Ma lyre, si longtemps muette, Vibre d'elle-même aujourd'hui : C'est la douleur qui rend poète, Les vers sont enfants do l'ennui. Ailleurs, dans son XIVe Prélude : Ah ! si mon nom, paré de l'éclat du génie, Devient un jour l'orgueil de notre Séquanio, Quel bonheur d'apporter ma couronne à tes pieds ! Alors âmes succès je te verrai sourire, Ton regard sera tendre et semblera me dire : « Les jours d'ennuis sont oubliés. »