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Cœur est de moitié dans son travail, il se surpasse de beau-
coup lui-même. Son épilre première à son père, celle qu'il
adresse à son petit-fils sous le titre de protrepticon; plu-
sieurs de ses épigrammes à sa femme sont des pièces di-
gnes d'éloges. La lettre à son fils qui venait de le quitter
est extrêmement touchante. Peut-on ne pas remarquer ce
vers si vrai et si simple d'une lettre., où il lui annonce un
envoi de gibier:
              Vesceute te fruimur magis (1).

De cet autre, où, en parlant d'un accident qui a menacé la
vie de son fils, il dit :
         Illa meura pefiil legula missa caput (2).

Ce mot me semble aussi touchant et moins recherché que
celui de Mrae Sevignéi Ma chère fdle , j'ai mal à votre poitrine.
   L'Idylle qui a pour litre Villula, est sans doute fort courte,
mais elle a encore dix vers de trop ; sans ces vers, où le
goût du rhéteur vient refroidir l'inspiration du poète, celte
pièce serait un petit chef d'oeuvre de sentiment et de délica-
tesse, qu'on croirait dérobé aux tablettes d'Horace :

       Salve iiaerediolum, majorum régna meorum,
         Quod proavus, quod avus, quod paler excoluit :
       Quod milvi jam senior properala morte rel'mquit.
         Eheu ! nolueram tam cito posse frui !
       Jusla quidem séries patri succedere ; verum
         Esse simul dominos gratior ordo piis (5).


   (1) En te l'offrant, j'en jouis davantage.
   (2) C'est ma léte qu'a frappé cette tuile.
   (5) Salul, mon petit cliamp, humble royaume de mes ancètres,toi que
mon bisaïeul, que mon aïeul, que mon père a cultivé ; toi qu'il me laissa,
enlevé déjà vieux par une mort prématurée. Hélas ! je n'aurais pas voulu
te posséder sitôt ! sans doute il est naturel que le fils succède à son pè-
re ; mais quand on s'aime bien, il est plus doux déposséder ensemble.