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 Cellle pièce a un air de parenté avec la satire hoc ira in
 votis, sauf cette différence qu'Horace s'abandonne sans con-
trainte au charme de la situation ; il sent que là est la vraie
 poésie. Ausone l'a rencontrée par hasard, son cœur l'a de-
vinée ; mais son goût ne l'apprécie pas. Il ne peut croire
que la gloire poétique soit attachée à des choses si natu-
relles, à des sentiments que tout le monde aurait pu éprou-
ver, et qui n'excitent dans son auditoire aucun étonnement,
aucun cri d'admiration.
   Car, c'était là une autre cause de l'extrême difficulté d'être
poète au IVe siècle. Presque toutes les sources d'inspiration
étaient taries, nous l'avons vu ; une seule semblait encore
promettre d'heureuses pensées, et le mauvais goût de la
société littéraire empêchait les poètes d'y puiser avec con-
fiance. Nous allons étudier ce nouvel obstacle, et faire con-
naissance avec cette société.


                                  VIII
                    LES GENS DE LETTRES DE BURDIGALA.


On ne fait jamais tant de vers qu'aux époques où il n'y a
plus de poésie: le IV0 siècle fui fécond en hommes de
lettres. Il y avait alors à Burdigala une école municipale
qui jouissait d'une grande réputation, et réunissait dans son
sein les professeurs les plus renommés. L'enseignement y
roulait exclusivement sur la grammaire et la rhétorique.
C'était une vie fort occupée que celle des professeurs de
Burdigala. Ils enseignaient six heures par jour (1); puis, de
retour chez eux, la plupart écrivaient des panégyriques,
des déclamations, des pièces de vers (2), qui, à peine com-
posées, volaient de main en main à Toulouse^ à Auch, à

  (1) Epil. 2.
  (2) Profess. 2.