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goûts étaient étrangers à son sexe : elle étudiait la médecine,
maniait la lancette avec une rare dextérité, et enfin elle se
voua à une virginité perpétuelle (1).

                             II.

                      AUSONE AU COLLEGE.


   Quelque fût l'habileté de la tante Hilaire , le moment était
venu de confier Ausone à de plus savantes mains. Bordeaux
était alors un des plus brillants foyers d'instruction dans les
Gaules. Le jeune Ausone, après avoir franchi rapidement les
degrés élémentaires, se trouva un jour face à face avec le rhé-
teur Tib. Yictor Minervius. Ce fut dans la vie d'Ausone un jour
solennel. Dans son admiration naïve, l'enfant ouvrait ses
grands yeux noirs pour contempler cet homme qui avait en-
seigné la rhétorique à Constantinople, à Rome, et qui reve-
nait dans sa pairie environné du double prestige d'une grande
renommée acquise dans deux grandes capitales. Minervius ,
d'ailleurs, écrivait des panégyriques à faire pâlir ceux d'Iso-
crate ; il composait des déclamations qu'eût enviées Quinti-
lien : sa parole coulait comme un torrent qui roule des par-
celles d'or sans un seul atome de limon ; et pour le geste et
le débit, il eût vaincu même Démoslhène (2).
   Tout cela fit sur le jeune élève une profonde impression;
tellement que, quelques soixante ans après, le vieillard retrou-
vait sous ses cheveux blancs les souvenirs ardents du jeune
homme, et parlait de son maître dans les termes enthousiastes
que nous venons de rapporter.
   Celle vive admiration influa sans doute sur son avenir intel-
lectuel. Dans la jeunesse, il n'est rien de plus utile et de plus
dangereux que l'admiration : elle sert à former le modèle

  (1) Parent. 6»
  (2) Prof. I.